Crise de l’hôpital : Près de 4 900 lits fermés en 2023, les soignants sous tension

02 novembre, 2024 / Entrevue

Le système de santé français est en crise, symbolisée par la fermeture de près de 4 900 lits d’hospitalisation complète en 2023. Selon une étude de la Drees, publiée le 31 octobre, cette baisse continue illustre une tendance entamée il y a dix ans, avec un total de 43 500 lits supprimés depuis 2013. Cette situation, alimentée par la pénurie de personnel et une volonté de renforcer les soins ambulatoires, suscite l’inquiétude des soignants et fait l’objet de vives critiques syndicales.

En parallèle de cette réduction, les autorités ont favorisé le développement des places d’hospitalisation de jour, avec 3 489 places créées en 2023, portant leur nombre à 88 504. Ces places, conçues pour des soins ne nécessitant pas de nuitée, permettent de traiter davantage de patients chaque jour, mais ne compensent pas, selon les professionnels, la saturation des services et les urgences qui débordent. Le nombre de lits dans les unités psychiatriques a connu un recul particulièrement prononcé, diminuant de 2,4 % dans le secteur public.

Alors qu’en 2023, l’ancien ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, s’était engagé à rouvrir des milliers de lits, cette promesse est restée sans effet. Pour justifier cette fermeture continue, le ministère évoque moins des restrictions budgétaires qu’une pénurie de personnel, rendant le maintien de tous les lits impraticable. Le manque de soignants, lié à la difficulté d’attraction des métiers du soin, accentue les pressions sur les équipes et les tensions au sein des urgences, poussant certains professionnels à quitter le secteur.

Les répercussions de cette crise hospitalière alimentent le débat autour du budget de la Sécurité sociale pour 2025. Le gouvernement entend limiter la hausse des dépenses hospitalières à 3,1 %, loin des 6 % jugés nécessaires par la Fédération hospitalière de France pour répondre aux besoins actuels. Ce projet a provoqué la réaction des syndicats de santé, qui ont déposé un préavis de grève du 4 novembre au 21 décembre. En parallèle, la gauche appelle à légiférer pour instaurer un nombre minimum de soignants par patient dans les hôpitaux, une proposition déjà validée par le Sénat.