Bakou et Moscou sont au bord de la brouille diplomatique après le crash d’un Embraer 190 de la compagnie Azerbaijan Airlines, vraisemblablement touché par un tir russe alors qu’il tentait d’atterrir à Grozny. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev réclame désormais que le Kremlin reconnaisse ses responsabilités et indemnise les familles des victimes.
Mercredi 25 décembre, le vol J2-8243 reliant Bakou à Grozny a dû s’écarter de sa trajectoire initiale après avoir été, selon Bakou et des sources américaines, touché par un projectile alors qu’il approchait de la capitale tchétchène. Dans la confusion, l’équipage a décidé de se dérouter vers Aktau, au Kazakhstan, où l’aéronef s’est finalement écrasé. Le bilan est lourd : 38 morts sur les 67 personnes à bord, passagers et membres d’équipage confondus.
Les premiers témoignages, dont ceux de survivants, évoquent des « trous dans le fuselage » et une déflagration perçue de l’extérieur de l’appareil. Des indications qui accréditeraient la thèse du tir de missile antiaérien. Les autorités de Bakou, tout comme Washington, suspectent fortement un tir russe, au moment même où Moscou affirme que ses défenses anti-drones étaient en action pour contrer une attaque ukrainienne sur Grozny, Mozdok et Vladikavkaz.
Des excuses, mais pas de véritables aveux
Face à la pression médiatique et diplomatique, Vladimir Poutine s’est entretenu à deux reprises avec Ilham Aliev. Le président russe a présenté ses « excuses » pour ce qu’il qualifie de « tragique incident ». Il n’a toutefois pas explicitement reconnu qu’un missile russe avait abattu l’avion. Dans les premières communications officielles, Moscou a semblé laisser entendre que l’appareil aurait rencontré une météo défavorable ou même des perturbations liées à la présence de drones ukrainiens.
Une version vivement critiquée par Bakou. « Malheureusement, pendant les trois premiers jours, nous n’avons entendu que des théories absurdes de la part de la Russie », a déclaré Ilham Aliev, estimant que Moscou « étouffe » l’affaire au lieu d’en reconnaître clairement la teneur.
Une exigence de transparence et de compensations
Dans ce contexte tendu, le président azerbaïdjanais réclame de son homologue russe la mise en place d’une enquête internationale « rapide et indépendante » et la punition des responsables du tir. Il souhaite par ailleurs que les familles des victimes soient indemnisées et que la responsabilité de la Russie soit publiquement reconnue.
Le Kremlin, qui s’est engagé à coopérer dans l’investigation, n’a pas encore fourni de précisions quant à une hypothétique indemnisation. Malgré les liens étroits entre les deux pays, ce crash pourrait ternir considérablement les relations bilatérales, d’ordinaire cordiales, entre Bakou et Moscou.