Coup de tonnerre au Brésil : Bolsonaro accusé d’avoir voulu renverser Lula
La crise politique au Brésil prend un tournant majeur : la police fédérale a recommandé ce jeudi l’inculpation de l’ancien président Jair Bolsonaro pour un projet présumé de coup d’État en 2022. L’enquête, qui a duré près de deux ans, accuse l’ex-dirigeant et 36 autres personnalités d’avoir orchestré une tentative pour empêcher l’investiture de Luiz Inacio Lula da Silva, élu président au scrutin d’octobre 2022.
Une enquête explosive
Le rapport de la police, transmis à la Cour suprême, détaille l’existence d’une « organisation criminelle coordonnée » ayant agi pour maintenir Bolsonaro au pouvoir malgré sa défaite électorale. Les chefs d’accusation incluent « abolition violente de l’État démocratique de droit », « coup d’État » et « organisation criminelle ».
Parmi les personnalités visées figurent des anciens ministres, des hauts gradés de l’armée et des proches collaborateurs de Bolsonaro. Parmi eux, Walter Braga Netto, son ancien ministre de la Défense et colistier à la vice-présidence en 2022, ainsi que le général Augusto Heleno, ancien ministre du Cabinet de sécurité institutionnelle.
Un plan secret pour assassiner Lula
Une partie des investigations se concentre sur une opération baptisée « Poignard vert et jaune », supposément destinée à assassiner Lula, son vice-président élu Geraldo Alckmin, et le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, farouche opposant de Bolsonaro.
Selon les enquêteurs, ce plan aurait été élaboré en décembre 2022, peu avant l’investiture de Lula le 1er janvier 2023. Parmi les méthodes envisagées, l’empoisonnement aurait été privilégié. Quatre militaires et un policier, soupçonnés d’avoir participé à ce projet, ont été arrêtés mardi. L’un d’eux, le général de réserve Mario Fernandes, était un collaborateur proche de Bolsonaro.
Le président Lula a réagi avec gravité : « Je dois être reconnaissant d’être en vie. La tentative de nous empoisonner, moi et Alckmin, n’a pas fonctionné. »
Jair Bolsonaro, 69 ans, a rejeté les accusations et accusé le juge Alexandre de Moraes, en charge de l’enquête, d’outrepasser la loi. « Il arrange les témoignages, arrête sans inculpation. Il fait tout ce que la loi n’autorise pas », a-t-il dénoncé sur le réseau social X (anciennement Twitter). L’ancien président, déjà déclaré inéligible jusqu’en 2030 pour désinformation sur le système électoral, se dit victime d’une « persécution judiciaire ».
Un climat de tension et des institutions ébranlées
Si le décret prévoyant une nouvelle élection et l’arrestation du juge Moraes n’a jamais été mis en œuvre, les institutions brésiliennes ont été secouées par les événements du 8 janvier 2023. Ce jour-là, des milliers de partisans bolsonaristes avaient saccagé les lieux de pouvoir à Brasilia, mettant à mal la démocratie brésilienne. Bolsonaro, alors aux États-Unis, fait également l’objet d’une enquête pour déterminer s’il a incité ces violences.
Interdit de quitter le Brésil depuis février, Jair Bolsonaro voit ses espoirs de réhabilitation politique s’éloigner. La campagne menée par ses soutiens pour obtenir une amnistie semble compromise à la lumière de ces nouvelles accusations. La décision finale d’engager des poursuites ou non reviendra au bureau du procureur général.
En attendant, cette affaire pourrait marquer un tournant dans la carrière politique de l’ancien président, dont les démêlés judiciaires risquent d’avoir un impact durable sur le paysage politique brésilien.