Le vendredi 16 août 2024, Mamadou Traoré, membre influent du parti ivoirien d’opposition Générations et Peuples Solidaires (GPS), a été condamné à deux ans de prison ferme par le tribunal de première instance d’Abidjan. Cette condamnation fait suite à des propos publiés sur sa page Facebook, dans lesquels il critiquait ouvertement la gouvernance du président Alassane Ouattara.
Les faits reprochés
Dans un post daté du 7 août, Mamadou Traoré accusait le gouvernement ivoirien d’avoir loué le matériel militaire utilisé lors du défilé de la fête de l’Indépendance à une unité européenne, la force Takuba, plutôt que d’utiliser les équipements de l’armée nationale. De plus, il qualifiait certaines promesses faites par le président Ouattara de « dohi » (mensonges en argot ivoirien), insinuant que plusieurs projets d’infrastructure n’avaient pas été réalisés comme annoncé.
Un procès controversé
Accusé de « diffusion de fausses nouvelles » et de « troubles à l’ordre public », Traoré a été jugé en procédure accélérée et reconnu coupable. Son avocat, Me Souleymane Diallo, a dénoncé un « procès politique », affirmant que les propos de son client, bien que satiriques, n’incitaient ni à la révolte ni à la haine. Lors de l’audience, Traoré a tenté de se défendre en expliquant que son post visait simplement à divertir et qu’il avait rapidement supprimé la publication après avoir constaté l’ampleur des réactions.
Une condamnation au-delà de la prison
Outre la peine de prison, Mamadou Traoré a été condamné à une amende et privé de ses droits civils et politiques pour une durée de cinq ans. Cette décision intervient à un peu plus d’un an de l’élection présidentielle de 2025, dans un contexte politique déjà tendu. Son mentor, Guillaume Soro, ancien Premier ministre en exil, avait lui-même été condamné par contumace à 20 ans de prison en 2020, puis à perpétuité en 2021 pour « atteinte à la sûreté de l’État ».
Réactions et contexte politique
Cette affaire soulève des questions sur l’indépendance de la justice en Côte d’Ivoire, avec de nombreuses voix dénonçant une tentative de museler l’opposition à l’approche des élections. En parallèle, un autre proche de Soro, Kando Soumahoro, a été arrêté pour avoir signé, au nom de GPS, une déclaration appelant à des réformes électorales.
La condamnation de Mamadou Traoré renforce les tensions politiques dans le pays, alors que l’opposition continue de dénoncer une répression accrue à l’encontre de ses membres.