Corruption présumée en France : le Qatar accusé de financer un ex-député écologiste

Entrevue 1

L’affaire d’ingérence étrangère présumée en France, impliquant le politologue Nabil Ennasri, prend une nouvelle tournure. Mis en examen depuis un an, ce dernier est désormais accusé d’avoir reçu près de 300 000 euros d’une commission gouvernementale qatarie, la National Human Rights Committee (NHRC), dans le cadre d’une opération visant à corrompre l’ex-député écologiste Hubert Julien-Laferrière.

Selon des informations obtenues par l’AFP, Nabil Ennasri aurait été rémunéré par le Qatar pour exercer une influence sur la politique française. Lors d’un interrogatoire en septembre, le politologue de 42 ans a reconnu avoir perçu un montant de 277 500 euros, bien qu’il nie tout lien avec le Qatar, affirmant que cette somme lui aurait été versée par une source sans relation avec l’État qatari. Cependant, les enquêteurs pointent du doigt des notes retrouvées sur son téléphone, couvrant la période de 2021 à 2023, qui laissent entendre une potentielle rémunération en provenance du Qatar.

Le rôle de Nabil Ennasri ne se limiterait pas à une simple influence politique. Il est également suspecté, avec l’aide du lobbyiste Jean-Pierre Duthion, d’avoir corrompu l’ex-journaliste de BFMTV, Rachid M’Barki, pour diffuser des informations controversées concernant plusieurs pays étrangers. En parallèle, il est accusé d’avoir versé 5 000 euros par mois à l’ex-député Hubert Julien-Laferrière, en échange de son soutien à certaines causes qataries.

Jean-Pierre Duthion a déclaré aux enquêteurs que ces opérations d’influence visaient à « générer des contre-feux médiatiques » avant la Coupe du Monde de football 2022, organisée par le Qatar. Selon Duthion, ces actions auraient été commanditées par des individus d’origine algérienne ou franco-algérienne, mais orchestrées par un réseau lié à l’émirat.

Malgré ces révélations, tant Nabil Ennasri qu’Hubert Julien-Laferrière nient farouchement les accusations de corruption. Le politologue, auteur de plusieurs ouvrages sur le Qatar, souligne que ses critiques passées à l’égard de ce pays rendent improbable toute forme de financement de la part de l’État qatari.

L’enquête, toujours en cours, vise à déterminer l’étendue des liens entre les intermédiaires présumés et les commanditaires qataris, dans un dossier où la justice française n’avait jusqu’à présent identifié que les exécutants.

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