La Corée du Sud est plongée dans une crise politique majeure alors que l’Assemblée nationale a entamé ce samedi le vote sur la destitution du président Yoon Suk Yeol. La motion, bien qu’ardemment soutenue par l’opposition, semble condamnée d’avance en raison du boycott de la séance par la majorité des députés du Parti du pouvoir au peuple (PPP), la formation du chef de l’État.
Pour qu’une destitution soit validée, la motion doit recueillir au moins 200 voix sur 300. Or, l’opposition ne dispose que de 192 sièges. Seuls trois députés du PPP ont participé au vote, les autres ayant quitté l’hémicycle pour empêcher l’atteinte du quorum nécessaire. Ce blocage n’a cependant pas empêché des scènes symboliques : les images diffusées en direct ont montré un député votant sous les applaudissements des quelques élus présents.
Manifestations massives dans les rues de Séoul
Pendant ce temps, à l’extérieur de l’Assemblée nationale, une foule immense s’est réunie pour réclamer le départ de Yoon Suk Yeol. Selon la police, environ 149 000 manifestants étaient présents en fin d’après-midi, tandis que les organisateurs revendiquent jusqu’à un million de participants. La tension est palpable, renforcée par les souvenirs récents des mesures autoritaires tentées par le président.
La contestation a atteint son paroxysme après l’annonce surprise, mardi soir, de l’instauration de la loi martiale par Yoon Suk Yeol. Cette décision, inédite depuis les années 1980, visait à museler le Parlement en mobilisant l’armée. Dans une scène surréaliste, 190 députés de l’opposition ont réussi à se réunir en urgence, barricadant les portes de l’hémicycle pour empêcher les soldats armés d’entrer. À l’unanimité, ils ont rejeté la loi martiale, forçant le président à faire marche arrière après seulement six heures.
Excuses publiques et pression politique
Dans une allocution télévisée de deux minutes ce samedi matin, Yoon Suk Yeol, 63 ans, a présenté ses excuses à la nation, affirmant : « J’ai causé de l’anxiété et des désagréments au public. » Il a laissé entendre qu’il se conformerait aux décisions politiques à venir, y compris celles concernant son mandat. Malgré ces propos, les critiques pleuvent, y compris au sein de son propre camp. Han Dong-hoon, chef du PPP, a jugé sa démission « inévitable », tandis que l’opposition réclame une « destitution immédiate ».
Yoon Suk Yeol fait face à une enquête de police pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort bien que celle-ci ne soit plus appliquée en Corée du Sud depuis 1997. En parallèle, des milliers de citoyens continuent de manifester leur colère à Séoul, espérant tourner la page de cette crise politique inédite.
Alors que les députés campent au Parlement par crainte d’un nouveau coup de force présidentiel, la Corée du Sud est suspendue à l’issue du vote, qui pourrait durer jusqu’à 72 heures. Une chose est sûre : l’avenir de Yoon Suk Yeol au sommet de l’État semble de plus en plus compromis.