Le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et l’Université Reichman en Israël, établie au nord de Tel-Aviv, a été suspendu à l’issue d’un vote tendu au conseil d’administration de l’institution française. Cette décision, motivée par les prises de position de l’université israélienne sur le conflit entre Israël et le Hamas, a suscité des réactions contrastées. Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a dénoncé une « décision affligeante », exprimant sa profonde désapprobation face à une rupture de liens académiques qu’il juge contraire aux valeurs de tolérance et de débat propres à l’université.
La décision, largement soutenue par les étudiants de la liste Solidarit’Etudiants, a également obtenu le soutien de certains enseignants. Vladimir Gilg, membre étudiant du conseil, a estimé que l’université israélienne incarnait un soutien « belliciste » à l’armée israélienne et adhérait à des valeurs incompatibles avec celles de Sciences Po Strasbourg. Pour lui, le soutien affiché par l’Université Reichman aux réservistes israéliens laissait peu de place à une vision pacifique ou humaniste.
Le directeur de Sciences Po Strasbourg, Jean-Philippe Heurtin, s’est montré critique de cette décision, qu’il considère comme symbolique et sans impact réel, le partenariat étant de facto suspendu depuis le 7 octobre pour des raisons de sécurité. Il a exprimé son désaccord avec l’idée de boycott académique envers une institution israélienne, qualifiant l’université de « sioniste », un terme qu’il associe à une forme de patriotisme dans le contexte israélien.
Pour le ministre Barrot, cette suspension traduit une méconnaissance du rôle des universités en Israël, qui abritent des partisans de la paix et de la solution à deux États. Interrogé sur RMC/BFMTV, il a rappelé que « l’université est un lieu de débat et de critique, non un acteur militaire dans le conflit ».
La suspension de ce partenariat, bien que votée en juin dernier, n’a été rendue publique que récemment, soulevant un débat dans la communauté académique et au sein de la société française. L’antenne alsacienne du CRIF a également réagi, dénonçant ce qu’elle considère comme un « boycott » et évoquant des « dérives » dans la perception des institutions israéliennes en France.