Fraîchement nommée ministre déléguée chargée du Commerce, de l’Artisanat, des PME et de l’économie sociale et solidaire, Véronique Louwagie n’a pas attendu pour faire parler d’elle. Lundi 23 décembre, c’est avec un enthousiasme assumé qu’elle annonçait vouloir « poursuivre un engagement de longue haleine » dans ses nouvelles fonctions. Mais derrière cette ambition affichée, un passé judiciaire refait surface.
En 2022, la députée Les Républicains de l’Orne était condamnée par le conseil de prud’hommes d’Alençon à verser près de 16 000 euros à son ancienne employée de maison. En cause ? Un licenciement pour « faute grave », qualifié par la juridiction de « discriminatoire », au regard de l’état de santé de la salariée.
Quand un « accident du travail » tourne au bras de fer judiciaire
L’affaire remonte à 2016. Véronique Louwagie emploie depuis près de 23 ans une femme de ménage, d’abord comme garde d’enfant, avant que celle-ci ne soit mise en arrêt maladie pour une inflammation des tendons et un syndrome du canal carpien — des pathologies reconnues comme maladies professionnelles par la Sécurité sociale en 2017. L’arrêt de travail s’étire sur plusieurs années, et les relations entre l’employée et son employeuse se détériorent.
Face à l’impossibilité pour l’employée de reprendre ses fonctions, la ministre propose une rupture conventionnelle, que l’intéressée refuse. La médecine du travail évoque alors une éventuelle inaptitude, mais Véronique Louwagie opte pour une stratégie plus économique : elle licencie son employée pour « absence injustifiée », une faute grave qui lui évite notamment de doubler les indemnités dues en cas de licenciement pour inaptitude.
Dans sa décision de 2022, le conseil de prud’hommes pointe une « tentative de se soustraire aux conséquences d’un possible licenciement pour inaptitude ». L’annulation du licenciement s’accompagne de dommages et intérêts pour la salariée, qui se voit attribuer près de 16 000 euros. « En quarante années, j’ai embauché environ 200 salariés […] et je n’ai fait l’objet que d’une seule procédure en matière sociale », s’était alors défendue Véronique Louwagie. Un bilan qu’elle semble présenter comme honorable, oubliant peut-être que dans un domaine tel que l’économie sociale et solidaire, un seul faux pas suffit à ternir une image.
Une ministre à l’économie… très pragmatique
Ironie du sort, Véronique Louwagie prend aujourd’hui la tête d’un ministère où la solidarité sociale est centrale. Sa nomination par François Bayrou suscite déjà des interrogations, voire des critiques. S’il est certain qu’elle connaît bien les arcanes de l’économie, ses choix passés laissent planer un doute sur la manière dont elle appliquera ses principes ministériels.
Alors, Véronique Louwagie saura-t-elle transformer cette épreuve judiciaire en expérience formatrice ? Ou son passé encombrant restera-t-il une ombre au tableau de son mandat ministériel ? Une chose est sûre : cette nomination est d’ores et déjà tout sauf anodine.