Commission européenne : les inondations espagnoles éclaboussent Teresa Ribera
La nomination de Teresa Ribera, ministre espagnole de la Transition écologique, au poste de vice-présidente de la Commission européenne en charge de la transition écologique et de la concurrence, fait l’objet de vives tensions politiques. Ce dossier, marqué par des polémiques autour de sa gestion des inondations meurtrières en Espagne, menace de retarder la mise en place de la nouvelle équipe européenne, initialement prévue pour le 1er décembre.
Un parcours entravé par des controverses
Mardi dernier, Teresa Ribera a été auditionnée par les eurodéputés, une étape cruciale pour valider sa nomination. Cependant, la séance a viré au règlement de comptes. La droite européenne, en particulier les représentants espagnols du Parti populaire (PP) et les membres du groupe d’extrême droite Patriotes pour l’Europe (PfE), ont saisi cette tribune pour attaquer sa gestion des inondations dans le sud-est de l’Espagne, qui ont causé la mort de 224 personnes fin octobre.
Les critiques ciblent notamment sa décision en 2021 de bloquer un projet d’infrastructure de prévention des crues à Valence, jugé trop coûteux et néfaste pour l’environnement. Ce projet, budgétisé à 250 millions d’euros, aurait pu atténuer l’impact des récentes inondations, dont le coût en reconstruction est désormais estimé à plus de 2 milliards d’euros.
Les auditions ont été marquées par des attaques personnelles et des échanges houleux. L’eurodéputé espagnol Jorge Martín Frías (Vox) a accusé Ribera d’« incompétence » et a demandé qu’elle soit traduite en justice. Des figures du Parti populaire, comme Raúl de la Hoz Quintano, ont également appelé à son retrait.
Même les eurodéputés de centre-droit, habituellement modérés, ont rejoint le chœur des critiques. Cette hostilité générale a conduit Teresa Ribera à éviter de s’engager sur des points stratégiques, comme les objectifs écologiques de l’UE ou la réforme du marché de l’électricité.
Une pression accrue sur l’UE
À Bruxelles, cette controverse freine l’approbation globale de la nouvelle Commission européenne. Les négociations entre les différents groupes politiques, déjà tendues, se heurtent à la polarisation du débat autour de Ribera. Les sociaux-démocrates et le groupe centriste Renew dénoncent une « prise d’otage » orchestrée par la droite européenne. « Ces manœuvres partisanes mettent en danger l’ensemble de l’Union », a déclaré Valérie Hayer, cheffe du groupe Renew.
D’autres candidats à des postes clés dans la Commission suscitent également des débats. La nomination de l’Italien Raffaele Fitto, issu du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, et celle du Hongrois Oliver Varhelyi, proposé pour le portefeuille de la santé, font l’objet de critiques similaires, rendant l’accord global encore plus difficile à atteindre.
Ce blocage survient à un moment délicat pour l’Union européenne. Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche appelle une réponse forte de l’Europe, notamment sur les enjeux géopolitiques et économiques. « L’Europe ne peut se permettre ce flottement », estime Laurence Tubiana, présidente de la Fondation européenne pour le climat et proche de Ribera.
Un compromis devra être trouvé rapidement, certains parlementaires espérant encore une validation de la nouvelle équipe dès la semaine prochaine. « Il est impératif que la Commission soit opérationnelle pour répondre aux défis actuels », souligne un proche de Stéphane Séjourné, candidat français à la stratégie industrielle.
Teresa Ribera devra répondre mercredi prochain devant le Congrès espagnol pour s’expliquer sur la gestion des inondations. Une audition qui pourrait déterminer non seulement son avenir politique, mais aussi celui de la nouvelle Commission européenne. Si les tractations échouent, le risque d’un report de sa mise en place au-delà du 1er décembre devient une réalité, jetant une ombre sur la capacité de l’UE à faire face à ses nombreux défis.