Comment le géant chinois BYD a détrôné Tesla 

Comment le géant chinois BYD a détrôné Tesla

Tesla ne règne plus en maître. Son rival chinois BYD, longtemps discret mais redoutablement stratégique, est désormais le nouveau champion mondial de la voiture électrique. Tandis qu’Elon Musk encaisse des ventes en berne, des marges rognées et une perte de vitesse historique en Chine, BYD enchaîne les records de croissance, de bénéfices et d’implantation mondiale. Un renversement de dynamique que l’Américain peine à enrayer.

En 2024, BYD a écoulé 4,2 millions de véhicules électrifiés, dont 1,76 million 100 % électriques, franchissant la barre symbolique des 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Son bénéfice net a bondi de 34 % pour atteindre 5,55 milliards de dollars, et encore davantage sur le dernier trimestre : +73 %. En face, Tesla accuse le coup. Ses ventes ont reculé, son chiffre d’affaires a chuté de 6 %, et sa marge opérationnelle s’est effondrée à 6,2 %, contre 17 % au plus fort de son expansion.

La Chine, théâtre principal de la déroute. En février, Tesla y a vu ses ventes plonger de plus de 50 % en un mois, à peine 30 688 véhicules écoulés. Pendant ce temps, BYD lançait la Qin L, une berline conçue pour concurrencer la Model 3, mais vendue deux fois moins chère : 15 255 euros contre plus de 29 000 pour sa rivale américaine. La recette est simple : prix cassés, technologie avancée, production locale. Résultat : 31 % de part de marché pour BYD, contre à peine 4,3 % pour Tesla.

L’avantage structurel de BYD ? Il maîtrise toute la chaîne de valeur. Né dans la conception de batteries, le groupe de Shenzhen fabrique ses propres cellules, assemble ses véhicules, et déploie ses logiciels. Là où Tesla dépend de fournisseurs et sous-traite une partie de sa production, BYD intègre, optimise, et dégaine plus vite.

Et surtout, il innove sans surcoût. Quand Tesla s’apprête à lancer une Model Y « low-cost », BYD annonce un système d’aide à la conduite avancé – conduite autonome sur autoroute, stationnement automatique – intégré sans supplément de prix. Même stratégie chez XPeng avec la Mona M03, rivale directe de Tesla, elle aussi équipée d’un système semi-autonome. Le client chinois, féru de technologie, n’hésite pas longtemps.

Pendant ce temps, Tesla tente de se redéployer dans les marchés émergents : ouverture de boutiques en Inde, en Arabie saoudite, implantation en Afrique du Sud. Mais ces marchés sont déjà en partie investis… par les mêmes constructeurs chinois. En 2024, les marques chinoises représentaient 76 % des ventes mondiales de voitures électriques, selon Rho Motion.

Tesla est toujours là, mais affaiblie. Son image souffre, sa stratégie s’essouffle, et Elon Musk – devenu un personnage aussi controversé que visionnaire – peine à redonner du souffle à sa machine. BYD, de son côté, avance méthodiquement, à coup de volumes massifs, de maîtrise industrielle et de conquêtes progressives des marchés mondiaux. Le dragon a dépassé le pionnier. Reste à savoir si ce dernier saura se réinventer… ou laisser définitivement le volant.

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