Dans Cœur-d’amande, Yasmina Khadra livre un roman sensible et empreint de résilience, centré sur le personnage de Nestor, un homme atteint de nanisme et rejeté dès sa naissance par sa mère. Ce récit poignant nous emmène au cœur de Montmartre, où Nestor vit aux côtés de sa grand-mère, qui l’a élevé avec amour et dévouement, malgré les conditions modestes de leur vie quotidienne. Situé dans un quartier populaire où se croisent diverses cultures, ce roman propose une fresque humaine où les relations tissées au fil du quotidien sont empreintes de solidarité et de chaleur.
Rejeté par sa famille à cause de sa différence, Nestor se révèle pourtant être un personnage d’une force étonnante. Entre l’amour inconditionnel de sa grand-mère et les relations sincères avec ses amis du quartier, il développe une vitalité et un humour qui allègent le poids de sa condition. Pourtant, son monde s’effondre lorsque sa grand-mère, son unique soutien, est placée en maison de retraite, et que sa mère décide de vendre l’appartement où il a grandi. Privé de ses repères, Nestor se tourne alors vers l’écriture, puisant dans les mots de sa grand-mère pour donner forme à sa colère, à ses rêves, et à l’histoire d’un « Cœur-d’amande » que ses amis du quartier lui attribuent en guise de surnom affectueux.
Avec une plume poétique et humaniste, Khadra explore ici des thèmes aussi intemporels que l’amitié, la différence, et la quête de soi. Montmartre, symbole de la diversité culturelle et de la fraternité dans le roman, devient une métaphore de l’humanité dans sa capacité à se réinventer et à accueillir l’autre. L’auteur, souvent connu pour ses écrits sur les conflits et la violence, opte ici pour une narration plus intimiste, peignant la lutte intérieure de Nestor pour se faire accepter, pour appartenir et trouver sa place.
Ce récit est aussi un hommage à la force des relations humaines, où les personnages secondaires apportent chaleur et couleur à l’histoire de Nestor. Yasmina Khadra compose ainsi une histoire lumineuse sur la façon dont chacun peut, malgré les épreuves, trouver dans l’amitié et la persévérance une forme de rédemption. À travers Cœur-d’amande, Khadra célèbre le courage d’embrasser la vie, avec toutes ses complexités et ses paradoxes, et rappelle que la dignité se trouve parfois dans les cœurs les plus inattendus.