Le tribunal correctionnel de Paris a condamné ce lundi 3 février le réalisateur Christophe Ruggia à quatre ans de prison, dont deux ans ferme sous bracelet électronique, pour agressions sexuelles sur l’actrice Adèle Haenel alors qu’elle était mineure. Une affaire emblématique du mouvement #MeToo en France.
Après un procès intense en décembre dernier, la justice a estimé que Ruggia avait « imposé des gestes et comportements sexualisés » à Adèle Haenel entre ses 12 et 14 ans, l’isolant de son entourage sous prétexte de la préparer à la promotion du film Les Diables (2001). Malgré ses dénégations et une défense centrée sur une prétendue « vengeance » de l’actrice, le cinéaste n’a pas convaincu. Son avocate a annoncé qu’il ferait appel de cette condamnation.
À la barre, Adèle Haenel a décrit avec force les agressions répétées qu’elle a subies, soulignant le piège psychologique dans lequel elle s’est retrouvée face à un homme qu’elle percevait comme une figure d’autorité. L’actrice, qui s’est depuis éloignée du cinéma, a rappelé l’impact durable de ces violences : « Agresser des enfants, ça a des conséquences. Qui s’est soucié de l’enfant que j’étais ? »
La procureure, qui avait requis cinq ans de prison dont deux ferme, a insisté sur la nécessité de replacer la responsabilité sur Ruggia : « C’est lui l’adulte. La justice est là pour remettre les choses à l’endroit ».
Cette condamnation marque une étape importante dans la lutte contre les violences sexuelles dans le milieu du cinéma et au-delà. L’affaire Adèle Haenel avait contribué à libérer la parole des victimes en France, ouvrant la voie à une prise de conscience plus large. La décision du tribunal envoie ainsi un message clair : les faits dénoncés ne resteront pas impunis.