La nomination de Christophe Castaner, ancien ministre de l’Intérieur, au sein d’un comité de responsabilité sociétale (RSE) du géant chinois de la fast-fashion Shein, a suscité de vives critiques. Régulièrement dénoncée pour son impact environnemental et social, l’entreprise tente de redorer son image en impliquant des personnalités publiques dans sa stratégie RSE. Christophe Castaner a répondu aux polémiques dans une interview publiée par La Tribune Dimanche le 12 janvier.
Une mission pour « accompagner un acteur majeur »
Depuis décembre 2024, Christophe Castaner siège au sein d’un comité RSE chargé de conseiller Shein sur les enjeux environnementaux et sociaux pour l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient. Selon l’ancien ministre, cette nomination s’inscrit dans la continuité de ses activités de conseil lancées après son retrait de la vie politique en 2022. Dans La Tribune Dimanche, il décrit Shein comme une entreprise ayant atteint une maturité qui lui permet « d’adopter une démarche d’amélioration continue ».
Castaner défend la démarche de Shein, estimant que le géant chinois est désormais conscient de sa responsabilité : « Elle [l’entreprise] a compris qu’il lui incombait, en tant qu’acteur important, de prendre des initiatives vertueuses », a-t-il affirmé. Il rejette les accusations de lobbying, qualifiant de « mépris » l’idée qu’il aurait été choisi uniquement pour son carnet d’adresses.
Critiques sur le greenwashing et la taxation de la fast-fashion
Shein, souvent accusée de pratiquer le greenwashing, est confrontée à des pressions croissantes en raison de ses pratiques de production massive et ses faibles coûts. À l’annonce de cette nomination, la Fédération française du prêt-à-porter féminin a dénoncé une « tentative manifeste de greenwashing » et un « lobbying visant à freiner les efforts législatifs en cours ». Ces critiques interviennent alors qu’une proposition de loi visant à taxer les produits de fast-fashion est en discussion au Sénat.
Pour Castaner, cette taxation est une erreur. Dans La Tribune Dimanche, il argue que Shein « démocratise la mode pour tous » et met en garde contre une vision qu’il juge « moralisatrice ». Il affirme que la transition écologique de l’industrie textile ne peut reposer uniquement sur les pouvoirs publics.
Une stratégie de recrutement controversée
Shein a renforcé son comité RSE avec d’autres personnalités influentes, notamment Nicole Guedj, ancienne secrétaire d’État aux droits des victimes, et Bernard Spitz, ex-président de la Fédération française de l’assurance. Ces nominations, perçues comme des tentatives de légitimation, ont suscité des interrogations sur la réelle volonté de transformation du groupe.
La controverse autour de Christophe Castaner illustre les tensions entre engagement individuel et impact des entreprises sur des questions sociétales majeures. Si Shein cherche à se positionner comme un acteur responsable, ses critiques rappellent que ses pratiques devront évoluer bien au-delà des symboles.