Christian Estrosi contre le préfet: duel au sommet sur la sécurité à Nice
Christian Estrosi, maire de Nice, mène une offensive sans précédent contre Hugues Moutouh, préfet des Alpes-Maritimes, qu’il accuse de ne pas réussir à endiguer le trafic de drogue dans sa ville. Depuis la fin juillet, Estrosi critique publiquement Moutouh, demandant son remplacement et l’accusant d’incapacité à faire face aux problèmes de sécurité à Nice. Cette confrontation entre les deux hommes, dans un contexte local de surenchère sécuritaire, a pris une tournure inattendue, exacerbant les tensions politiques dans une région déjà sous pression.
Le conflit a éclaté lorsque, fin juillet, un incendie criminel lié au narcotrafic a coûté la vie à sept personnes dans le quartier des Moulins. Estrosi a alors réclamé dans Le Parisien la nomination d’un nouveau préfet, qualifiant Moutouh d’incompétent. Moutouh, connu pour sa fermeté et sa réputation de « bulldozer », a rapidement répliqué, défendant son bilan et celui de ses équipes, rappelant qu’il n’existe pas de « recette miracle » pour combattre la délinquance, mais que seul compte le travail acharné des forces de sécurité.
La tension est montée d’un cran le 12 août lorsque, dans Nice-Matin, Estrosi a réitéré sa demande, dénonçant un « problème de commandement ». Moutouh, fidèle à son image de préfet inflexible, a répondu sur les réseaux sociaux, soulignant la reconnaissance nationale du travail des forces de sécurité, notamment durant les Jeux Olympiques.
Malgré des débuts prometteurs entre les deux hommes, la relation s’est dégradée dans un contexte politique local tendu. En vue des municipales de 2026, Estrosi, en rivalité avec Éric Ciotti, semble vouloir renforcer son image de défenseur de la sécurité des Niçois, quitte à s’en prendre au préfet en poste. Le maire de Nice, confronté à une montée de l’extrême droite et à des résultats électoraux mitigés, se doit de durcir son discours pour conserver son assise politique.
Estrosi ne se contente pas de critiquer Moutouh ; il demande aussi des mesures concrètes, telles que le déploiement de la force Sentinelle pour sécuriser les quartiers sensibles et la création d’un parquet antistupéfiants, sur le modèle du parquet antiterroriste, afin de renforcer la lutte contre le narcotrafic.
Le bras de fer entre Estrosi et Moutouh illustre les tensions croissantes autour de la sécurité à Nice, où la gestion du narcotrafic devient un enjeu central, tant pour les autorités locales que pour l’État.