C’est une victoire en demi-teinte pour les victimes du chlordécone en Guadeloupe et en Martinique. Ce pesticide toxique, utilisé massivement dans les bananeraies jusqu’en 1993 malgré les alertes sanitaires, a empoisonné durablement les sols, l’eau et la population, avec des conséquences sanitaires désastreuses.
Ce mardi 11 mars, la cour administrative d’appel de Paris a reconnu la responsabilité de l’État pour ses fautes graves dans la gestion de ce scandale. Un pas décisif, certes, mais l’indemnisation ne concernera qu’une poignée de plaignants ayant réussi à prouver un préjudice moral d’anxiété avéré, sur les 1 286 requêtes déposées. En clair, seuls ceux ayant présenté des analyses sanguines et des preuves médicales solides bénéficieront d’une réparation financière.
Les associations et avocats dénoncent une décision trop restrictive, qui minimise l’impact sanitaire et psychologique de la contamination de masse. Plus de 90 % des adultes aux Antilles sont imprégnés de chlordécone, et les Antilles enregistrent l’un des taux de cancer de la prostate les plus élevés au monde. Pourtant, seule une dizaine de victimes verra son anxiété reconnue et indemnisée.
Si cette décision constitue une étape importante, elle est loin de satisfaire les parties civiles, qui envisagent déjà un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme pour obtenir une réparation plus large. En attendant, l’impunité de l’État reste partiellement intacte, et la question de l’indemnisation massive des victimes du chlordécone demeure une lutte encore à mener.