C’était un 6 mars : Mort d’Emma de Normandie, la reine aux deux couronnes

Entrevue 1

Le 6 mars 1052, Emma de Normandie, deux fois reine d’Angleterre et mère de deux rois, s’éteint à Winchester. Fille du duc de Normandie Richard Ier, elle est tour à tour l’épouse du roi anglo-saxon Æthelred II, puis du conquérant danois Knut le Grand. Femme de pouvoir dans une époque troublée, elle joue un rôle central dans l’histoire anglo-normande et contribue, malgré elle, à préparer la conquête de l’Angleterre par son petit-neveu, Guillaume le Conquérant, en 1066. Elle laisse derrière elle un héritage complexe, marqué par les luttes de pouvoir et les exils, et demeure une figure fascinante du Moyen Âge.

Deux couronnes et une lutte pour la survie

Mariée à Æthelred II en 1002, Emma devient reine d’Angleterre dans un contexte chaotique où les raids vikings s’intensifient. Elle donne naissance à trois enfants, dont Édouard le Confesseur, futur roi d’Angleterre. En 1013, la famille royale doit fuir en Normandie face à l’invasion de Sven Barbe-Fourchue. Rappelée peu après, Emma est rapidement veuve lorsque Æthelred meurt en 1016. Plutôt que de voir son destin sombrer avec la chute de la dynastie saxonne, elle épouse Knut le Grand, le nouveau roi danois, en 1017. Cette union, habilement négociée, renforce la légitimité du conquérant et permet à Emma de conserver son rang. Elle lui donne un fils, Harthaknut, qui montera à son tour sur le trône en 1040. Pendant près de vingt ans, Emma partage le pouvoir avec Knut et joue un rôle actif dans la gestion du royaume, notamment lors des absences de son époux, devenu roi du Danemark et de Norvège.

Une chute brutale et la fin d’une ère

À la mort de Knut en 1035, la succession plonge l’Angleterre dans le chaos. Emma soutient son fils Harthaknut, mais c’est Harold Pied-de-Lièvre, fils illégitime de Knut, qui prend le pouvoir. Chassée d’Angleterre, Emma trouve refuge en Flandre avant de revenir triomphalement en 1040 lorsque Harthaknut s’impose. À ce moment-là, elle est au sommet de son influence et fait même rédiger un ouvrage à sa gloire, l’Encomium Emmae Reginae. Mais la mort soudaine de Harthaknut en 1042 change tout : Édouard le Confesseur, son fils qu’elle avait autrefois délaissé, accède au trône et l’évince immédiatement du pouvoir. Désormais retirée, elle passe ses dernières années à Winchester, où elle meurt en 1052. Son parcours, marqué par des alliances stratégiques et des trahisons familiales, reflète les turbulences de l’Angleterre pré-normande et le rôle crucial que les femmes pouvaient jouer dans les jeux de pouvoir médiévaux.

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