C’était un 20 mars : La Tunisie retrouve son indépendance

C’était un 20 mars : La Tunisie retrouve son indépendance

Le 20 mars 1956, après soixante-quinze ans de protectorat, la Tunisie accède enfin à l’indépendance. Cet événement marque l’aboutissement de plusieurs décennies de luttes politiques, portées d’abord par le Destour, fondé en 1920, puis par le Néo-Destour, dirigé par Habib Bourguiba dès 1934. Nationaliste convaincu et stratège habile, ce dernier joue un rôle déterminant dans les négociations avec la France. Face à une montée des tensions et aux bouleversements de l’après-guerre, Paris concède d’abord une autonomie interne en 1955, avant de reconnaître officiellement la souveraineté tunisienne l’année suivante. Devenu chef du gouvernement, Bourguiba amorce une transformation radicale du pays et, en 1957, abolit la monarchie beylicale pour instaurer la République tunisienne.

Un long chemin vers la souveraineté

Avant la colonisation, la Tunisie jouissait d’une large autonomie sous l’Empire ottoman et s’était distinguée par des réformes avant-gardistes, comme l’abolition de l’esclavage et l’adoption d’une Constitution en 1861. Mais son endettement croissant face aux créanciers européens conduit à l’établissement du protectorat français en 1881. Sous cette tutelle, le pays connaît un développement économique et infrastructurel, mais aussi une marginalisation progressive de ses élites locales. Après la Seconde Guerre mondiale, les aspirations indépendantistes se renforcent, notamment face à la répression des mouvements nationalistes. En 1954, Pierre Mendès France, alors président du Conseil, reconnaît le droit des Tunisiens à l’autonomie. Ce premier pas ouvre la voie aux négociations qui aboutissent à l’indépendance en 1956, évitant ainsi un conflit armé comme en Algérie voisine.

La naissance d’un État moderne

Dès son accession au pouvoir, Habib Bourguiba engage une série de réformes ambitieuses pour moderniser la Tunisie. Inspiré par les modèles occidentaux et le réformisme d’Atatürk, il mène une politique de laïcisation et d’émancipation sociale. Il interdit la polygamie, la répudiation, et fait adopter un Code du statut personnel garantissant de nouveaux droits aux femmes, une première dans le monde arabo-musulman. Il mise aussi sur l’éducation et le développement économique, amorçant une période de croissance et de stabilité. Après une tentative de collectivisation dans les années 1960, il revient rapidement à une politique économique plus libérale. Sur le plan diplomatique, la Tunisie se positionne comme un acteur modéré sur la scène internationale, entretenant des relations privilégiées avec l’Occident tout en soutenant les causes du monde arabe. Cependant, au fil des décennies, le régime de Bourguiba devient plus autoritaire, jusqu’à son renversement en 1987 par Zine el-Abidine Ben Ali, qui établira une dictature jusqu’à la révolution de 2011. Malgré cela, l’indépendance tunisienne et les réformes engagées sous Bourguiba restent des jalons essentiels dans l’histoire du pays et du Maghreb.

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