Le 1er mars 1382, une violente insurrection éclate à Paris en réaction à une nouvelle taxe imposée par le duc d’Anjou, régent du jeune roi Charles VI. Les Parisiens, déjà exaspérés par les abus de la régence, se soulèvent contre les percepteurs d’impôts et les agents du pouvoir. Dans un accès de colère, les émeutiers envahissent l’Hôtel de Ville et l’Arsenal, où ils découvrent des milliers de maillets de plomb entreposés en prévision d’une attaque ennemie. S’armant de ces massues, ils s’en prennent aux collecteurs de taxes, brûlent les registres fiscaux et, dans une flambée de violence antisémite, attaquent également les communautés juives. Cette révolte, qui prend rapidement une ampleur considérable, restera dans l’histoire sous le nom de révolte des « Maillotins », en référence aux armes utilisées par les insurgés.
Une insurrection contre la fiscalité oppressive
Depuis l’avènement de Charles VI en 1380, la France est gouvernée par un conseil de régence composé de ses oncles, notamment Louis d’Anjou et Jean de Berry, qui abusent de leur pouvoir pour financer leur train de vie en augmentant les impôts. Cette politique fiscale provoque des tensions grandissantes, amplifiées par la crise économique qui touche le royaume. L’annonce, le 28 février 1382, d’une nouvelle taxe sur les denrées alimentaires met le feu aux poudres. Dès le lendemain, la colère éclate lorsqu’un percepteur est tué sur un marché en exigeant le paiement de l’impôt. Les artisans, marchands et notables de la ville, excédés, se joignent au soulèvement et prennent le contrôle de plusieurs points stratégiques de Paris. Face à l’ampleur de la révolte, la régence tente d’apaiser les tensions en abolissant la taxe le 4 mars, tout en ordonnant l’exécution des principaux meneurs.
La répression brutale de Charles VI
Alors que Paris est en proie au chaos, Charles VI, parti en campagne contre les révoltés flamands, écrase leurs milices à la bataille de Roosebeke le 27 novembre 1382. Fort de cette victoire, il rentre dans la capitale à la tête de 30 000 hommes et impose une répression d’une rare brutalité. Démontrant sa fermeté, il fait exécuter de nombreux émeutiers et rétablit les impôts contestés, malgré les revendications du peuple. Cet épisode marque un tournant dans son règne : le roi, jusque-là sous l’influence de ses oncles, affirme son autorité en mettant un terme à la régence et en reprenant les rênes du pouvoir. La révolte des Maillotins, bien que durement réprimée, illustre la montée des tensions sociales et fiscales à la fin du Moyen Âge et annonce d’autres soulèvements populaires contre l’injustice économique du royaume.