C’est un moment à la fois solennel et cruel qui attend Kamala Harris ce lundi. En tant que vice-présidente des États-Unis, elle présidera la session conjointe du Congrès consacrée à la certification des résultats de l’élection présidentielle de 2024. Une élection qui a scellé sa défaite et donc la victoire éclatante de Donald Trump, marquant ainsi son retour triomphal à la Maison-Blanche.
Un exercice imposé et une transition exemplaire
Ce rituel constitutionnel, devenu hautement symbolique depuis les événements du 6 janvier 2021 – où des partisans trumpistes avaient envahi le capitole – met en lumière l’importance des traditions démocratiques américaines. Harris, pourtant une opposante farouche de Trump qu’elle a qualifié de « menace pour la démocratie », s’acquittera de cette tâche avec dignité. Un contraste saisissant avec l’attitude de son prédécesseur, Mike Pence, qui avait dû affronter la violence et le chaos orchestrés par les partisans de Trump il y a quatre ans. Mais cette transition, si elle se veut paisible, n’en demeure pas moins humiliante pour celle qui a incarné, pendant 107 jours, l’espoir déçu des démocrates. Contrairement à ce qu’elle espérait, Harris n’a pas réussi à mobiliser les électeurs-clés du parti : Afro-Américains, Latinos, et classes populaires, autant de segments conquis par le message clair et musclé de Trump.
La défaite de Harris ne se limite pas à sa propre personne. Elle expose cruellement les failles stratégiques d’un parti démocrate qui peine à se réinventer face à un Trump métamorphosé. Ce dernier a non seulement remporté tous les États-clés, mais il est également parvenu à séduire des millions d’électeurs en surpassant ses propres performances de 2016. Les critiques, y compris au sein des démocrates, ne manquent pas. Beaucoup estiment que Joe Biden, en refusant de se retirer plus tôt, a compromis les chances de son ancienne colistière. Certains, plus sévères, rappellent que Harris avait échoué dès 2019 à s’imposer lors des primaires démocrates face à Biden.
Quel avenir pour Kamala Harris ?
Face à cet échec, Harris, 60 ans, n’entend pas disparaître du paysage politique. Deux scénarios se dessinent pour celle qui a souvent été décrite comme ambitieuse, voire calculatrice. D’un côté, une candidature à la présidentielle de 2028, où elle espère capitaliser sur sa popularité auprès des jeunes progressistes. De l’autre, une tentative de retour en Californie pour briguer le poste de gouverneur en 2026, lorsque Gavin Newsom quittera ses fonctions. Cependant, gouverner l’État le plus peuplé et le plus endetté du pays serait un défi colossal. Certains alliés la voient déjà jouer un rôle plus global, en se concentrant sur des causes internationales ou en créant une fondation pour renforcer son image.
Mais Harris ne pourra échapper à la comparaison avec Donald Trump, un homme qu’elle a combattu sans relâche. Son retour en force est un rappel brutal que l’Amérique profonde, souvent ignorée par les élites démocrates, a trouvé en Trump une voix claire et déterminée. La certification de cette victoire par Harris elle-même symbolisera, pour beaucoup, l’ironie cruelle de l’histoire.
Pour ses soutiens, cette défaite est un coup dur. Mais pour ses détracteurs, c’est la preuve qu’une politique éloignée des réalités du peuple ne peut qu’échouer face à un Trump qui, qu’on l’aime ou le déteste, a su parler aux Américains oubliés.
Quel avenir pour Kamala Harris ?
Kamala Harris saura-t-elle se réinventer ? Son futur reste incertain. Mais une chose est sûre : son rôle de ce lundi marquera un tournant, non seulement pour sa carrière, mais pour l’avenir d’un parti démocrate en quête d’identité dans une Amérique résolument tournée vers Trump.
Dans cette période de transition, il est permis de s’interroger : l’Amérique, redevenue souveraine et audacieuse sous Trump, a-t-elle encore une place pour le progressisme d’Harris ? Rien n’est moins sûr.