Cédric Herrou prend position contre la vidéosurveillance à Breil-sur-Roya
À Breil-sur-Roya, une petite commune des Alpes-Maritimes, un combat judiciaire fait rage entre l’agriculteur militant Cédric Herrou et le maire Sébastien Olharan. Ce dernier est convoqué ce mercredi 14 août devant le tribunal administratif de Nice, suite à une requête déposée par Herrou et sa compagne, Marion Gachet, soutenus par une quinzaine d’habitants. L’objet du litige : l’installation, sans autorisation préfectorale, de 40 caméras de vidéosurveillance dans ce village montagnard.
D’après Cédric Herrou, dix de ces caméras seraient déjà en place et « en état de fonctionnement », comme l’aurait affirmé le maire lors d’un conseil municipal en juin. Toutefois, la préfecture n’a autorisé qu’une seule caméra. Une vidéo du conseil municipal, où le maire annonce la « mise en service » des caméras, a récemment disparu du compte Facebook de la municipalité, soulevant des questions sur la transparence et la légalité de cette initiative.
Les critiques ne se limitent pas à la légalité du projet. Pour Herrou et les autres habitants opposés à ces installations, le dispositif est disproportionné par rapport aux réels besoins de sécurité de la commune. Breil-sur-Roya, selon les statistiques officielles, est une zone relativement paisible, et les caméras ne contribueraient en rien à résoudre les véritables problèmes, tels que les violences intrafamiliales, qui ne peuvent être combattues par la surveillance de l’espace public. L’investissement de 130 000 euros dans ce projet est perçu comme un gaspillage de ressources qui pourrait être mieux utilisé pour des besoins essentiels comme le logement, l’emploi, et les transports.
Pour l’avocat des requérants, Me Alexis Fitzjean, le projet de vidéosurveillance mis en place par le maire est non seulement litigieux, mais pourrait également constituer un délit pénal. La loi stipule que la mise en œuvre de traitements de données à caractère personnel, sans respecter les formalités préalables, est passible de cinq ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende.
Pour Cédric Herrou, cette affaire illustre une dérive plus large des élus locaux dans les Alpes-Maritimes, où le respect des lois semble devenir optionnel pour certains responsables publics. Selon lui, cette tendance remonte à l’époque de l’ancien préfet Leclerc et se manifeste par des actions telles que les contrôles au faciès, l’installation illégale de caméras, et d’autres infractions récentes liées à l’utilisation de fonds publics. Herrou déplore que, dans ce climat, les citoyens qui tentent de faire respecter la loi soient eux-mêmes attaqués.
Alice Leroy