Carburants en baisse… jusqu’où ?

Carburants en baisse… jusqu’où ?

Alors que le litre de gazole frôle les 1,63 euro en moyenne, les automobilistes ont enfin droit à un peu de répit à la pompe. Une bouffée d’air bien méritée pour des Français durement touchés par l’inflation ces derniers mois. Mais cette accalmie est-elle durable, ou faut-il s’attendre à un retournement de tendance ?

D’après les chiffres du ministère de la Transition écologique, publiés ce lundi, le gazole a perdu près de neuf centimes depuis le début de l’année, et l’essence SP95-E10 atteint 1,68 euro, en recul de trois centimes par rapport à la semaine précédente. En moyenne, un conducteur de voiture essence économisera une soixantaine d’euros par an. Pour ceux qui roulent au diesel, le gain monte à près de 80 euros. Pour les professionnels, l’effet est encore plus sensible. Stéphane Sercer, chef d’entreprise dans les travaux publics, remplit son utilitaire trois fois par semaine. « Une dizaine d’euros de moins par plein, à la fin du mois, ça fait la différence. On peut se permettre d’élargir notre périmètre de chantiers. »

Comment expliquer cette soudaine baisse des prix ? La clé se trouve du côté du marché mondial. Le baril de Brent est récemment repassé sous la barre des 70 dollars, une première depuis plus de deux ans. Cela s’explique par une production maintenue à haut niveau par les pays de l’Opep+, alors même que la demande mondiale est revue à la baisse. 

Cette demande en berne est notamment liée aux tensions économiques provoquées par la politique commerciale des États-Unis. La guerre des droits de douane menée par Donald Trump pèse sur les perspectives de croissance et réduit les besoins en énergie, faisant ainsi chuter les cours du brut. Autre facteur qui joue en faveur des automobilistes européens : le taux de change. « Un euro plus fort permet d’acheter du pétrole, libellé en dollars, à un meilleur prix. C’est une dynamique qui pourrait se répercuter positivement à la pompe si elle se confirme dans les semaines à venir », ajoute l’économiste.

Mais faut-il s’attendre à ce que cette tendance se prolonge ? Rien n’est garanti. Si l’Opep+ décide de resserrer la production ou si la géopolitique s’en mêle, les prix peuvent repartir à la hausse. Le scénario d’une stabilisation, voire d’une poursuite de la baisse, n’est toutefois pas exclu. Si le baril descendait autour de 60, voire 50 dollars, cela pourrait ramener le litre de carburant à des niveaux plus abordables, sans pour autant retrouver ceux du confinement. À l’époque, on flirtait avec les 1,10 euro le litre, mais l’économie mondiale était alors totalement paralysée.

Reste qu’un choc géopolitique, comme une escalade au Proche-Orient ou une amplification des tensions commerciales, pourrait rapidement faire flamber les prix à nouveau. Pour l’heure, les automobilistes profitent d’une éclaircie… mais gardent un œil attentif sur les cours du pétrole.

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