En pleine tourmente, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a procédé à un remaniement d’envergure vendredi, touchant un tiers de son cabinet. Cette initiative intervient dans un contexte de grave crise politique interne et de tensions croissantes avec Donald Trump, président élu des États-Unis.
Ce remaniement survient après une semaine chaotique à Ottawa, marquée par la démission fracassante de Chrystia Freeland, vice-Première ministre et ministre des Finances. En désaccord avec Justin Trudeau sur la gestion des relations avec Washington, Freeland a dénoncé ouvertement ses divergences, laissant le gouvernement libéral déjà fragilisé par des divisions internes.
Trudeau, minoritaire au Parlement et confronté à la montée des mécontentements au sein de son propre camp, voit son avenir menacé. « Nous devons rester unis face à la menace croissante de la future présidence américaine sur notre économie nationale », a insisté Anita Anand, nouvelle ministre des Transports.
Trump intensifie la pression
Donald Trump, prêt à réinvestir la Maison-Blanche en janvier, a alimenté les tensions en menaçant d’imposer des droits de douane de 25 % sur les importations en provenance du Canada et du Mexique. Cette mesure serait un désastre économique pour le Canada, dont les exportations vers les États-Unis représentent 75 % de son commerce extérieur et près de 2 millions d’emplois. Aggravant les tensions, Trump a multiplié les provocations, qualifiant Justin Trudeau de « gouverneur » et suggérant, non sans controverse, de faire du Canada le « 51ᵉ État américain ».
Ce remaniement n’a pas convaincu les alliés politiques traditionnels de Trudeau. Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), a retiré son soutien au gouvernement et appelé à une motion de censure imminente. « Le temps de ce gouvernement est écoulé », a-t-il déclaré. Pierre Poilievre, chef de l’opposition conservatrice, en a profité pour exiger des élections anticipées. « Nous avons besoin d’un leader capable de faire face à M. Trump et de redresser notre pays », a-t-il affirmé.
L’avenir de Trudeau en question
Avec une cote de popularité en berne et des sondages le plaçant 20 points derrière Poilievre, Justin Trudeau doit non seulement apaiser les tensions internes, mais également convaincre un électorat lassé par la crise économique et sociale.
Alors que l’incertitude plane, une motion de censure pourrait bien sceller le sort de son gouvernement, entraînant des élections anticipées avant la fin de l’année. Trudeau, au pouvoir depuis près de dix ans, fait désormais face au défi le plus périlleux de sa carrière politique.