Canada : le départ de Chrystia Freeland, un coup fatal pour Justin Trudeau ?

Entrevue 1

La scène politique canadienne est en ébullition. La démission fracassante de Chrystia Freeland, vice-Première ministre et figure clé du gouvernement, a plongé Justin Trudeau dans une crise sans précédent. Fidèle alliée depuis le début de son mandat, Freeland a annoncé son départ en invoquant des désaccords sur la stratégie économique adoptée face à la montée des tensions avec les États-Unis. Cette crise pourrait bien mettre fin à neuf ans de pouvoir pour le Premier ministre canadien, déjà fortement affaibli.

Chrystia Freeland a publiquement critiqué l’attitude jugée « dépensère » de Justin Trudeau, une posture qu’elle estime inadaptée face à un contexte économique tendu et aux nouvelles menaces tarifaires de Donald Trump. L’imposition de droits de douane de 25 % sur certaines exportations canadiennes, envisagée par le président élu américain, pourrait être dévastatrice pour le Canada. Avec les États-Unis représentant 75 % des exportations canadiennes et deux millions d’emplois en jeu, la situation exige une unité politique que le gouvernement Trudeau peine à afficher.

Une opposition et des dissensions internes grandissantes

Les critiques ne viennent pas seulement de l’opposition. Plusieurs membres influents du Parti libéral ont publiquement remis en question le leadership de Justin Trudeau. Helena Jaczek, députée libérale, a qualifié la décision de se séparer de Freeland de « peu digne de confiance », tandis que Francis Drouin, autre élu libéral, a estimé qu’« il était temps de faire le ménage » et a appelé directement à la démission du Premier ministre.

Jagmeet Singh, leader du Nouveau Parti démocratique et ancien allié de Justin Trudeau, a lui aussi rejoint les appels à son départ. « Plutôt que de se concentrer sur les problèmes des Canadiens, Justin Trudeau et les libéraux se battent entre eux », a-t-il déclaré, tout en rompant officiellement son soutien au gouvernement.

Un avenir politique incertain

Les prochaines élections fédérales, prévues au plus tard en octobre 2025, semblent de plus en plus inaccessibles pour Justin Trudeau. Les sondages placent son Parti libéral avec un retard de 20 points sur le Parti conservateur mené par Pierre Poilievre. Certains analystes anticipent même des élections anticipées, jugeant improbable que le gouvernement actuel puisse se maintenir.

Frédéric Boily, politologue à l’Université de l’Alberta, a estimé que « cette crise pourrait être le coup fatal pour Justin Trudeau ». Toutefois, il juge peu probable une démission immédiate, qui risquerait de plonger Ottawa dans un chaos encore plus grand.

Trump en embuscade

Pour ne rien arranger, Justin Trudeau est la cible récurrente de Donald Trump, qui n’a pas hésité à le qualifier ironiquement de « gouverneur », un terme perçu comme un affront pour un Premier ministre. Cette moquerie, réitérée lors de la démission de Freeland, alimente l’image d’un Trudeau affaibli sur la scène internationale.

Pour l’heure, Justin Trudeau maintient son intention de briguer un nouveau mandat. Mais la perte de sa vice-Première ministre et les multiples défections au sein de son propre camp rendent cette perspective de plus en plus improbable.

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