Burkina Faso : le régime militaire envisage de rétablir la peine de mort

09 novembre, 2024 / Entrevue

Le régime militaire au pouvoir au Burkina Faso envisage sérieusement de réintroduire la peine de mort dans le code pénal, une mesure abolie en 2018. Selon une source gouvernementale citée par l’AFP, cette question est en discussion au sein des instances dirigeantes et pourrait être présentée sous forme de proposition à l’Assemblée législative de transition (ALT), nommée par la junte militaire, pour adoption.

Le ministre de la Justice, Rodrigue Bayala, a confirmé vendredi cette possibilité en soulignant que « la question de la peine de mort est discutée » et qu’elle devrait être incluse dans le projet de réforme du code pénal en cours. Cependant, aucune date précise n’a encore été fixée pour la présentation de ce texte au gouvernement.

Ce retour potentiel de la peine capitale s’inscrit dans une révision plus large du code pénal visant à aligner la législation sur les directives du chef de l’État, le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir en septembre 2022 à la suite d’un coup d’État. Le Burkina Faso avait exécuté pour la dernière fois un condamné à mort en 1988, et la peine capitale avait été officiellement abolie en 2018 sous le gouvernement civil de Roch Marc Christian Kaboré.

Cette évolution intervient dans un contexte africain où les exécutions et condamnations à mort ont enregistré une forte hausse en 2023. Selon Amnesty International, les exécutions en Afrique subsaharienne ont plus que triplé par rapport aux années précédentes, et les condamnations à mort ont augmenté de 66 %. L’ONG précise néanmoins que 24 pays de la région ont désormais aboli la peine de mort pour tous les crimes, tandis que deux autres l’ont supprimée pour les crimes de droit commun uniquement. Des projets de loi pour abolir totalement la peine de mort sont également en cours au Kenya et au Zimbabwe.

Alors que le Burkina Faso pourrait revenir sur cette décision abolitionniste, la réintroduction de la peine de mort suscite des interrogations sur les orientations politiques et les valeurs prônées par le régime militaire.