Ce vendredi 3 janvier 2025, le Premier ministre François Bayrou a dirigé son premier Conseil des ministres. Ce moment, marquant une nouvelle ère politique, est crucial pour restaurer la stabilité politique et économique en France après des mois de turbulences et de divisions. Avec pour ambition un triptyque articulé autour de la réconciliation, de l’action et de la stabilité, le gouvernement Bayrou fait face à des défis énormes, notamment le vote d’un budget pour 2025 et la gestion des crises actuelles, comme celle à Mayotte.
La journée a débuté par un petit-déjeuner traditionnel au ministère de l’Intérieur, organisé par Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, qui a offert aux membres du gouvernement une bouteille de « trouspinette », un vin d’épines typique de la Vendée. Ce moment a permis aux ministres de se retrouver dans un cadre convivial avant de rejoindre l’Élysée à pied pour le Conseil des ministres.
Les priorités du gouvernement
Lors de ce Conseil, le Premier ministre a fixé les grandes orientations pour 2025, affirmant qu’«il existe un chemin pour sortir de l’instabilité politique». Son message, relayé par son entourage, s’est voulu optimiste mais pragmatique : « Si nous sommes unis, nous pourrons déplacer un certain nombre d’obstacles devant nous. » Cette unité est essentielle dans un contexte politique marqué par l’absence de majorité à l’Assemblée nationale.
Emmanuel Macron, présent pour encourager le gouvernement, a appelé à l’«unité» et à l’«audace», soulignant l’importance de relever les défis économiques et sociaux avec pragmatisme et innovation. Il a également mis en garde contre les «coups politiques» susceptibles de déstabiliser le pays.
Le budget : une priorité urgente
L’élaboration et l’adoption d’un budget pour 2025 figurent parmi les urgences du gouvernement. Depuis le 1er janvier, la France fonctionne sans loi de finances, une situation qualifiée d’«urgence budgétaire» par plusieurs ministres. Catherine Vautrin (Travail et Santé) et Juliette Méadel (Ville) ont rappelé que sans budget, des initiatives essentielles pour les habitants et les services publics ne pourront pas être menées à bien.
François Bayrou aurait fixé un objectif de déficit à 5,4 % du PIB pour 2025, contre 5 % initialement envisagés par le précédent gouvernement. Toutefois, la porte-parole Sophie Primas a indiqué que cet objectif reste soumis à discussion avec les forces politiques.
Focus sur Mayotte : une situation critique
En marge du Conseil, un Conseil de défense consacré à Mayotte s’est tenu pour répondre aux conséquences du cyclone Chido, qui a frappé l’île trois semaines auparavant. Le gouvernement a annoncé une série de mesures pour reconstruire ce département, le plus pauvre de France. Ces actions devraient être adoptées avant la fin du mois de janvier.
Un premier bilan mitigé
Le gouvernement Bayrou repose sur une équipe de 35 ministres, dont deux tiers ont déjà servi sous Emmanuel Macron. Parmi eux, des figures politiques de poids comme les anciens Premiers ministres Élisabeth Borne (Education) et Manuel Valls (Outre-mer), ainsi que des personnalités ayant des affinités avec la gauche, comme Eric Lombard (Economie) et François Rebsamen (Aménagement du territoire). Cette composition reflète une tentative de rassembler au-delà des clivages partisans.
Malgré un début marqué par des symboles de rassemblement, le gouvernement Bayrou fait face à des attentes élevées. Sa cote de popularité demeure historiquement basse, et les tensions entre le Premier ministre et le président subsistent en coulisses. Emmanuel Macron a appelé à une « coresponsabilité » accrue, tout en imposant ses priorités pour maintenir l’attractivité et la croissance de la France.
Ce premier Conseil des ministres a permis de poser les bases d’un programme ambitieux mais exigeant. Le gouvernement Bayrou devra faire preuve de cohésion et de pragmatisme pour surmonter les obstacles politiques et économiques. Les prochaines étapes, notamment la déclaration de politique générale prévue le 14 janvier, seront déterminantes pour asseoir sa légitimité et convaincre les Français de sa capacité à gouverner dans un contexte d’instabilité.