Budget de l’Éducation : les sénateurs veulent limiter à 2.000 les suppressions de postes

26 novembre, 2024 / Entrevue

Dans le cadre de l’examen du budget 2024, les sénateurs s’apprêtent à diviser par deux le nombre de suppressions de postes initialement prévues dans l’Éducation nationale. Une proposition portée par Olivier Paccaud, sénateur (apparenté LR) de l’Oise, et déjà validée à l’unanimité en commission des finances.

Une coupe jugée excessive

Le projet initial du gouvernement prévoyait 4.000 suppressions de postes dans l’Éducation nationale pour l’année prochaine, une mesure qui suscite de vives critiques. Les sénateurs ont ainsi décidé d’agir pour limiter cette réduction à 2.000 postes.

« Il est crucial d’adopter une approche plus équilibrée », plaide Olivier Paccaud, qui défend un amendement « plus raisonnable pédagogiquement et territorialement ». Soutenue par Jean-François Husson, rapporteur général du budget, et approuvée par la gauche, cette initiative vise à préserver le taux d’encadrement des élèves et à limiter les conséquences dans les zones rurales, particulièrement touchées par ces suppressions.

Pour justifier ce compromis, Olivier Paccaud met en avant une démographie scolaire en baisse. « Zéro suppression de poste serait démagogique, mais réduire de moitié le plan initial est une réponse pragmatique », explique-t-il. Selon lui, l’objectif est également d’éviter des fermetures de classes massives en milieu rural, où « trois suppressions sur quatre » auraient lieu.

« Les fermetures de classes en zone rurale alimentent le discours des démagogues et renforcent les fractures politiques », prévient-il.

Le sénateur propose de financer cette mesure en réaffectant 74 millions d’euros du pacte enseignant, dont le budget doit progresser de 100 millions d’euros en 2024. Cela permettrait de maintenir un équilibre budgétaire global, tout en préservant les créations de 2.000 postes d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH). « Avec cette révision, le solde des effectifs dans l’Éducation nationale serait nul », se réjouit Olivier Paccaud.

La position du gouvernement en question

Reste à savoir si le gouvernement acceptera ce compromis. La ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, s’était dite ouverte à des « évolutions » dans La Tribune Dimanche, affirmant avoir œuvré pour accroître les moyens alloués à l’école. Cependant, l’arbitrage initial de Matignon en faveur des 4.000 suppressions de postes pourrait être maintenu.

Si cet amendement est adopté par le Sénat, il devra encore survivre à l’examen en commission mixte paritaire (CMP) et au recours probable au 49.3 par le gouvernement. Ce dernier devra alors trancher entre persister dans sa stratégie initiale ou valider ce compromis sénatorial, qui rencontre un écho favorable au sein de l’hémicycle.

Un débat qui illustre les tensions récurrentes autour du financement de l’Éducation nationale et de l’équilibre entre efficacité budgétaire et maintien des services publics dans les territoires.