L’Assemblée nationale s’apprête à tourner la page budgétaire avec l’examen ce mercredi d’une nouvelle motion de censure déposée par La France insoumise contre le budget de la Sécurité sociale. Un ultime affrontement qui ne devrait pas remettre en cause l’adoption définitive du texte, marquant un succès pour le gouvernement de François Bayrou, malgré une Assemblée profondément divisée et guettée par l’immobilisme.
Ce dernier recours de LFI fait suite au quatrième usage du 49.3 par le Premier ministre pour faire passer le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Comme pour les précédentes motions, le PS ne devrait pas joindre ses voix à celles des Insoumis, invoquant la nécessité d’un budget pour le pays malgré un texte jugé « injuste ». Le Rassemblement national ne semble pas non plus disposé à renverser le gouvernement à ce stade, repoussant toute manœuvre susceptible de provoquer une dissolution prématurée.
Ce budget, profondément remanié sous la pression des oppositions et de la majorité, prévoit une hausse des dépenses d’Assurance maladie de 3,3 %, bien au-delà des 2,6 % initialement envisagés, notamment en raison d’un milliard d’euros supplémentaire alloué à l’hôpital. Mais il acte aussi un déficit de plus de 22 milliards d’euros, bien supérieur aux 16 milliards prévus. Plusieurs mesures polémiques ont été abandonnées en cours de route, comme la hausse des tickets modérateurs ou la désindexation des retraites sur l’inflation, témoignant des concessions faites par l’exécutif.
Si cette adoption finale clôt un long feuilleton budgétaire, elle ne dissipe pas les tensions à l’Assemblée. À gauche, cet épisode a fragilisé le Nouveau Front populaire, accentuant les fractures entre LFI et le PS, ce dernier préparant désormais une motion de censure distincte pour dénoncer une prétendue « trumpisation » du gouvernement. À droite, les Républicains et le RN revendiquent des victoires politiques, tout en continuant de jouer la carte de l’attente. Dans la majorité, l’inquiétude grandit : après ce passage en force budgétaire, peu voient comment le gouvernement pourra avancer sur d’autres réformes majeures, dans une Assemblée plus éclatée que jamais.