Budget de la Sécu : le Sénat adopte le texte, les macronistes s’abstiennent
Le budget 2025 de la Sécurité sociale (PLFSS) a été largement adopté par le Sénat ce mardi, malgré des tensions au sein de la majorité présidentielle. Le texte, approuvé par 202 voix contre 109, a été soutenu par les groupes de droite et du centre, mais les sénateurs macronistes se sont majoritairement abstenus, signalant leur désaccord avec certaines mesures jugées trop contraignantes pour les entreprises.
Un vote marqué par des fractures internes
La majorité sénatoriale, composée des groupes Les Républicains (LR), Union centriste et les Indépendants proches d’Édouard Philippe, a validé un texte qui prévoit des milliards d’économies pour réduire le déficit social. Cependant, la vingtaine de sénateurs macronistes, bien que minoritaires dans l’hémicycle, a choisi l’abstention pour protester contre une mesure phare : la réduction des allègements de cotisations patronales.
Le gouvernement souhaitait initialement un effort de quatre milliards d’euros imposé aux entreprises. Le Sénat a réduit ce montant à trois milliards, mais cela reste insuffisant pour les parlementaires Renaissance, qui réclament la suppression totale de cette mesure.
« Notre groupe ne peut se satisfaire des mesures d’économies sur le travail retenues par le gouvernement », a déclaré Dominique Théophile, porte-parole des sénateurs macronistes.
Une commission mixte paritaire (CMP), composée de sept députés et sept sénateurs, doit se réunir mercredi 27 novembre à 14h pour tenter de trouver un compromis. Cette réunion s’annonce cruciale, car les élus de la coalition présidentielle, majoritaires dans cette instance, pourraient bloquer l’accord si leurs exigences ne sont pas entendues.
La tension monte également du côté des députés d’Ensemble pour la République (EPR), qui se réuniront à nouveau avant la CMP pour définir leur stratégie. Si cette dernière échouait, le ministre du Budget Laurent Saint-Martin a prévenu que cela représenterait un « risque politique » important pour le gouvernement.
« Plus largement, c’est l’existence même du socle commun de la coalition qui est en jeu », a-t-il ajouté, tout en laissant entendre qu’un consensus pourrait être trouvé en limitant l’effort demandé aux entreprises à 1,5 milliard d’euros.
Des finances sociales sous tension
Le projet de budget vise à réduire le déficit prévisionnel de la Sécurité sociale à 15 milliards d’euros, contre 16 milliards initialement prévus et 18,5 milliards en 2024. Pour y parvenir, plusieurs mesures controversées ont été retenues, notamment :
- Des hausses de taxes sur les sodas, le tabac et les jeux d’argent.
- Une contribution de solidarité imposant aux salariés sept heures de travail non rémunéré par an pour financer la dépendance, une mesure vivement critiquée par la gauche.
- Une revalorisation des retraites inférieure à l’inflation : une augmentation en deux temps est prévue, avec la moitié de l’inflation au 1er janvier, puis le solde au 1er juillet, mais uniquement pour les pensions inférieures au Smic.
Une menace politique pour le gouvernement
Dans les rangs de la gauche, le budget a été rejeté en bloc par les groupes socialiste, écologiste et communiste, rejoints par une partie des radicaux de centre-gauche et les élus du Rassemblement national (RN). Ces derniers menacent également de voter une motion de censure si leurs revendications ne sont pas prises en compte.
Si le Premier ministre doit recourir à l’article 49.3 pour adopter le texte, un accord préalable entre les deux chambres pourrait limiter l’ampleur des critiques. Mais l’échec de la CMP ou des divisions internes au sein de la majorité pourraient renforcer la pression politique sur Michel Barnier et le gouvernement.
Alors que l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne a exprimé son désaccord sur le fond, elle a également mis en garde contre un blocage de la CMP, rappelant que « si chacun campe sur ses lignes rouges, aucun compromis ne sera possible ».
Le budget de la Sécurité sociale reste un enjeu clé pour le gouvernement, tiraillé entre la nécessité de préserver les équilibres financiers et les tensions politiques qui menacent la cohésion de la majorité.
Le rendez-vous de la CMP ce mercredi pourrait bien sceller l’avenir du texte… et du fragile équilibre de la coalition présidentielle.