Budget de la Justice : Des avancées financières, mais des défis persistants

Entrevue 1

Didier Migaud, le nouveau garde des Sceaux, a obtenu une rallonge budgétaire de 250 millions d’euros pour le ministère de la Justice dans le projet de budget 2025, revenant ainsi sur une coupe initiale de 500 millions d’euros décidée par le gouvernement précédent. Ce montant, bien qu’inférieur aux besoins exprimés, permettra de maintenir les engagements pris dans la loi de programmation de 2023, selon laquelle la Justice reste « une priorité » pour l’exécutif dirigé par Michel Barnier.

Dès son arrivée au ministère, Migaud avait dénoncé le manque de moyens alloués à la Justice, notamment après la publication des lettres-plafond qui prévoyaient des réductions de près d’un demi-milliard d’euros. Le budget supplémentaire sera utilisé pour honorer les promesses faites aux magistrats, aux greffiers, et aux personnels pénitentiaires, malgré le contexte de restrictions budgétaires. « L’arbitrage montre que la justice est effectivement une priorité pour le gouvernement », a déclaré le ministre, précisant que cet effort financier permettra la création de 1 550 postes en 2025, bien au-dessus des prévisions initiales.

La présidente du Syndicat de la magistrature, Kim Reuflet, salue cet ajout financier tout en rappelant que la France dispose encore de l’un des budgets de la Justice les plus modestes en Europe.

Toutefois, l’enveloppe supplémentaire ne couvrira pas tous les besoins : les fonds destinés à certains investissements, notamment pour la construction de nouvelles places de prison, seront en partie rééchelonnés. Le programme de 18 000 places de prison supplémentaires pour 2027 n’est pas abandonné, mais sera ajusté pour tenir compte des retards dans certaines opérations immobilières, a indiqué Didier Migaud.

Restaurer la confiance des citoyens dans la justice

L’ancien président de la Cour des comptes se dit également préoccupé par la crise de confiance entre citoyens et institutions, soulignant que la lenteur de la justice est souvent due au manque de moyens et à une hausse des contentieux. Rejetant les accusations de laxisme souvent adressées aux magistrats, Migaud a rappelé que les peines de prison sont aujourd’hui plus longues et que le nombre de détenus n’a jamais été aussi élevé.

Didier Migaud, personnalité de gauche au sein du gouvernement Barnier, affiche des différences de points de vue avec Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur. Ces divergences d’approche sur l’immigration et l’État de droit illustrent la diversité politique au sein de l’exécutif, une composition que Migaud voit comme un atout.

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