Adoptée en catastrophe mercredi dernier, la « loi spéciale » a été promulguée vendredi par Emmanuel Macron depuis Mayotte, en attendant l’adoption d’un véritable budget pour 2025. Une situation exceptionnelle qui témoigne d’un affaiblissement inquiétant de l’État et de ses institutions financières.
Le Président de la République a officiellement promulgué ce vendredi une « loi spéciale » permettant à l’exécutif de continuer à prélever l’impôt et à emprunter, malgré l’absence de loi de finances pour 2025. Publiée au Journal officiel ce samedi, cette loi, adoptée en urgence le 18 décembre, est le dernier recours d’un gouvernement en crise, incapable de faire valider son budget par un Parlement fracturé.
Cette « loi spéciale », qualifiée de solution provisoire par ses promoteurs, est avant tout une réponse à la censure par le Parlement du budget proposé par le précédent gouvernement dirigé par Michel Barnier. Le ministre du Budget démissionnaire, Laurent Saint-Martin, a tenu à rappeler sur les réseaux sociaux que cette mesure ne garantissait que « la continuité de l’État », mais qu’elle demeurait insuffisante pour répondre aux défis budgétaires de la nation.
François Bayrou face à un défi colossal
Le nouveau Premier ministre, François Bayrou, nommé dans un contexte de crise institutionnelle le 13 décembre dernier, a annoncé espérer l’adoption d’un budget « d’ici la mi-février ». Cependant, lors de son passage sur France 2 jeudi soir, il a admis que rien n’était certain. Bayrou a affirmé vouloir repartir de la version budgétaire censurée, mais les divisions politiques et l’état des finances publiques compliquent cette ambition.
Dans un aveu d’improvisation, il a également annoncé la présentation imminente de son gouvernement, tout en laissant planer le doute sur la date exacte. Le choix de promulger cette loi depuis Mamoudzou, à Mayotte, dévastée par le cyclone Chido, est lourd de sens. En déplacement sur l’île, Emmanuel Macron a constaté l’ampleur des besoins de ce département français, où les infrastructures sont dans un état alarmant. Cette scène illustre le double échec de la politique budgétaire et de l’incapacité à anticiper les besoins des territoires les plus fragiles de la République.
Une loi qui révèle l’impuissance structurelle
Si cette loi spéciale permet à l’État d’honorer ses engagements essentiels en début d’année 2025, elle ne règle en rien les problèmes structurels. Le rapporteur général de la commission des finances au Sénat, Jean-François Husson (Les Républicains), a lui-même reconnu que ce texte « donne tout ce qu’il faut à l’État pour assurer ses fonctions essentielles, mais rien de plus. »
Au-delà de la gestion quotidienne, cette crise budgétaire reflète un problème plus profond : celui d’un pays étranglé par une dette colossale et par des déficits que ni la technocratie de Bercy, ni les alternances politiques successives n’ont su enrayer. L’incapacité à adopter un budget à temps marque un nouvel échec de la présidence Macron, renforçant les doutes sur sa capacité à gouverner efficacement.
La promesse de redresser les finances publiques est devenue un refrain sans lendemain. Pourtant, face à un déficit toujours plus élevé et une dette qui s’emballe, il est urgent de rompre avec les politiques actuelles. François Bayrou parviendra-t-il à faire voter un budget en février ? Rien n’est moins sûr. L’incertitude autour de la direction budgétaire du pays risque de renforcer la méfiance des marchés et de peser encore plus lourdement sur les finances nationales.
À l’heure où chaque territoire de la République souffre des failles d’un État affaibli, cette « loi spéciale » apparaît comme un aveu d’impuissance. Elle souligne l’urgence d’un retour à une gouvernance ferme et souveraine, capable de protéger les Français et de préparer l’avenir sans sacrifier notre indépendance économique.