Le projet de loi de finances pour 2025, présenté en Conseil des ministres le jeudi 10 octobre, prévoit la suppression d’un avantage fiscal majeur pour les propriétaires bailleurs ayant opté pour la location meublée non professionnelle (LMNP). Cette mesure, qui entrera en vigueur dès le 1er janvier 2025, a pour objectif de faciliter l’accès aux locations de longue durée pour les Français, notamment dans les zones tendues où les locations saisonnières type Airbnb se multiplient.
Actuellement, les propriétaires en LMNP bénéficient d’un régime fiscal avantageux : lors de la vente d’un bien, l’amortissement comptable du bien (c’est-à-dire la perte de valeur due à l’usure) n’est pas intégré dans le calcul de la plus-value, réduisant ainsi l’impôt à payer. Cette spécificité fiscale, qui encourage la location meublée, sera supprimée à compter de 2025. Les amortissements devront désormais être pris en compte dans le calcul de la plus-value, ce qui augmentera mécaniquement le montant imposable lors de la cession du bien.
Un coup dur pour les propriétaires de meublés
Ce changement vise à rééquilibrer le marché locatif, où les locations meublées, souvent courtes ou touristiques, sont devenues plus avantageuses que les locations nues, qui offrent des baux de trois ans. Selon le ministère de l’Économie, cette fiscalité déséquilibrée contribue aux difficultés des Français à trouver une location de longue durée. La suppression de cet avantage fiscal devrait permettre au gouvernement de récupérer environ 200 millions d’euros dès 2025.
Des réactions mitigées
Pour les professionnels du secteur immobilier, la nouvelle est mal accueillie. Si certains experts estiment que l’impact de cette mesure sera limité, d’autres soulignent que les propriétaires bénéficiant de déductions fiscales pour leurs travaux et charges devront désormais intégrer ces avantages dans le calcul de la plus-value. De plus, cette mesure pourrait freiner l’investissement locatif, particulièrement dans un contexte où le marché locatif est déjà sous tension.
Le projet de loi fait écho aux recommandations du rapport de la députée Annaïg Le Meur, qui dénonçait l’incompatibilité de la fiscalité avantageuse du LMNP avec les objectifs de la politique publique du logement. En parallèle, des professionnels du secteur immobilier critiquent le manque de nouvelles mesures pour stimuler la construction de logements, notamment l’absence de prolongation du dispositif Pinel, pourtant plébiscité par les promoteurs.
Avec cette réforme, le gouvernement cherche à mettre fin à la spéculation sur les logements destinés à la location meublée tout en espérant redynamiser le marché des locations nues. Reste à voir si cette mesure, une fois adoptée, produira les effets escomptés sur le marché immobilier en crise.