Budget 2025 : Gerard Larcher plaide pour la responsabilité face à la crise

17 novembre, 2024 / Entrevue

Dans un entretien accordé au JDD, Gérard Larcher, président du Sénat, s’est exprimé sur les enjeux majeurs du moment, des crises territoriales à la gestion budgétaire en passant par l’agriculture et la sécurité. Face à une situation qu’il juge critique, il plaide pour un équilibre entre responsabilité économique et soutien social.

De retour de Nouvelle-Calédonie, Gérard Larcher insiste sur l’urgence d’un soutien économique et social à un territoire marqué par des tensions profondes. « Nous devons garantir un fonds de solidarité pour les familles et les entreprises touchées et établir une feuille de route claire pour l’avenir », explique-t-il, tout en saluant les avancées du dialogue amorcé avec les acteurs locaux.

Sur le plan budgétaire, le Sénat entame l’examen d’un projet de loi de finances jugé problématique. Larcher critique les 50 milliards d’euros de dépenses supplémentaires ajoutées par l’Assemblée nationale et rappelle l’objectif impératif de ramener le déficit à 5 % dès 2025. Tout en soutenant des mesures comme l’indexation des petites retraites ou le maintien d’allègements de charges ciblés, il appelle à mieux encadrer les exonérations fiscales pour préserver l’équilibre financier. Il estime également qu’une réduction des dépenses des collectivités locales à hauteur de deux milliards d’euros est raisonnable, mais avertit que des coupes plus importantes mettraient en péril les investissements locaux.

Concernant l’industrie, notamment automobile, le président du Sénat dénonce une transition écologique menée « de façon brutale », qui entraîne des pertes d’emploi massives. Il appelle à une révision des objectifs européens, comme l’interdiction des moteurs thermiques dès 2035, pour éviter un impact trop lourd sur l’économie. Il s’inquiète également de la compétitivité des agriculteurs français, confrontés à des normes strictes et à une concurrence internationale exacerbée, notamment à travers l’accord commercial avec le Mercosur. Il demande des garanties pour une concurrence équitable.

Sur les questions de sécurité et d’immigration, Larcher soutient les initiatives visant à lutter contre le narcotrafic, notamment la création d’un parquet spécialisé et l’élargissement des cours d’assises spéciales pour juger les criminels organisés. Il alerte également sur des flux migratoires qu’il qualifie de records, plaidant pour des mesures plus strictes concernant le regroupement familial et le séjour irrégulier.

Enfin, interrogé sur la proportionnelle ou encore le procès de Marine Le Pen, il défend un ancrage territorial des élus et soulève des questions sur la présomption d’innocence dans les procédures judiciaires, notamment en ce qui concerne l’exécution provisoire des sanctions.

Pour Gérard Larcher, le Sénat doit rester un pilier de stabilité et de responsabilité dans un contexte national et international complexe. « Nous ne pouvons ignorer la gravité de la situation budgétaire et sociale, mais nous devons agir avec pragmatisme et solidarité pour préserver le pouvoir d’achat et préparer l’avenir », conclut-il.