Budget 2025 : Elisabeth Borne s’oppose à la réduction des avantages des anciens Premiers ministres

Entrevue 1

Dans un climat budgétaire tendu, la proposition de Michel Barnier de réduire les avantages accordés aux anciens Premiers ministres suscite une vive opposition de la part d’Élisabeth Borne, son prédécesseur à Matignon. Alors que l’exécutif cherche à identifier 40 milliards d’euros de coupes pour le budget 2025, l’idée d’une révision du train de vie de l’État fait débat.

Intervenant sur le plateau du 20 heures de TF1 il y a quelques jours, Michel Barnier a exhorté la classe politique à donner l’exemple. Le Premier ministre, en poste depuis septembre dernier, a appelé à des efforts significatifs, notamment de la part des anciens ministres et chefs de gouvernement, pour réduire les dépenses publiques. Parmi ses propositions figure la révision des moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres, notamment en matière de protection et de logistique.

« Il est impératif de simplifier et de rendre plus sobre le fonctionnement de l’État », a affirmé Barnier, alors que l’exécutif fait face à une menace croissante de motion de censure sur le budget 2025.

Élisabeth Borne : « Une protection adaptée à ma situation »

Invitée sur France 3 le dimanche 1er décembre, Élisabeth Borne s’est fermement opposée à ces propositions, soulignant l’importance des dispositifs de sécurité dont bénéficient les anciens chefs de gouvernement. « Ce qui est pris en charge, c’est une voiture qui accompagne la protection, la sécurité qui vous est assurée », a-t-elle déclaré, rappelant avoir porté des réformes « pas toutes populaires », comme celle des retraites ou de l’immigration, durant son mandat de mai 2022 à janvier 2024.

« Si Michel Barnier pense que je n’ai pas de problèmes de sécurité… », a lancé Borne, défendant une « protection adaptée » à sa situation. Selon elle, les avantages alloués aux anciens Premiers ministres ne représentent qu’une infime partie des dépenses publiques, soit 1,42 million d’euros en 2023.

Les dépenses liées à la protection des anciens Premiers ministres et ministres de l’Intérieur ont fait l’objet d’un rapport récemment publié. Celui-ci révèle une augmentation de 11 % des coûts en 2023 par rapport à l’année précédente, atteignant 1,42 million d’euros. Ces dépenses comprennent notamment la mobilisation de policiers pour assurer la sécurité des anciens responsables politiques.

Un commissaire de la Sous-direction de la protection des personnes (SDLP) a estimé que ces missions coûtent environ 23 000 euros par fonctionnaire de police. Leur suppression permettrait d’économiser jusqu’à 4 millions d’euros par an et de redéployer environ 70 policiers vers des missions jugées plus prioritaires.

Une fracture politique sur la méthode

Cette polémique intervient dans un contexte de désaccords profonds entre Borne et le gouvernement actuel sur le projet de budget. L’ancienne Première ministre a exprimé son rejet catégorique des orientations budgétaires de l’exécutif, déclarant qu’elle n’est « d’accord avec rien » dans le projet présenté, ni sur les recettes, ni sur les dépenses.

Alors que le gouvernement tente de naviguer dans une mer agitée, cette controverse sur les avantages des anciens ministres souligne les tensions autour des réformes budgétaires nécessaires pour atteindre les objectifs de réduction des dépenses publiques.

Si Michel Barnier espérait marquer des points avec cette proposition de réduction des dépenses, l’opposition d’Élisabeth Borne reflète une fracture symbolique sur la perception des privilèges accordés aux anciens responsables politiques. En pleine recherche de solutions pour boucler un budget difficile, l’État devra arbitrer entre nécessité économique et acceptabilité politique.

Thumbnail