Budget 2025 : 50 millions d’euros en moins pour l’audiovisuel public
Le gouvernement français a annoncé une réduction supplémentaire de 50 millions d’euros sur le budget de l’audiovisuel public pour l’année 2025, dont 35 millions d’euros concernent spécifiquement France Télévisions. Cette décision a suscité l’indignation des députés et des responsables des sociétés de l’audiovisuel public, qui déplorent l’impact de ces coupes sur la qualité du service public.
Une coupe dans un contexte déjà tendu
Le budget 2025 de l’audiovisuel public, qui comprend France Télévisions, Radio France, l’INA (Institut national de l’audiovisuel) et France Médias Monde (incluant France 24 et RFI), subira donc une diminution de 50 millions d’euros. Cette réduction s’ajoute à une première coupe de 81 millions d’euros annoncée en octobre, et d’autres ajustements pourraient suivre, selon des sources proches du gouvernement.
Les dirigeants des principaux groupes concernés, dont Delphine Ernotte Cunci pour France Télévisions et Sibyle Veil pour Radio France, ont également exprimé leurs inquiétudes. Selon eux, ces réductions mettent en danger la capacité des médias publics à remplir leurs missions de service public. Delphine Ernotte a averti qu’il serait impossible de réaliser de telles économies sans affecter directement la qualité des programmes. Sibyle Veil a qualifié cette situation de « trajectoire de sacrifice », soulignant l’impact négatif sur les productions et les services offerts au public.
La réforme de l’audiovisuel en suspens
L’un des enjeux sous-jacents de cette réduction est la réforme de l’audiovisuel public, qui prévoit une fusion des différents médias publics. Ce projet, suspendu depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, pourrait également être impacté par ces coupes. En octobre, le ministère de la Culture a tenté de minimiser les effets de la première coupe de 81 millions d’euros, arguant que 40 millions étaient reportés à 2026, en raison de la mise en œuvre retardée de la réforme. Le reste de la coupe était supposé compenser l’inflation, qui a été moins forte que prévu, ce qui a permis de réduire l’effort demandé à l’audiovisuel public à seulement 8 millions d’euros.
Dans ce contexte difficile, une avancée notable a été faite concernant le financement de l’audiovisuel public. Fin octobre, le Sénat a approuvé un projet de loi visant à pérenniser le financement du secteur, en remplaçant le système actuel, qui repose sur une fraction de la TVA, par un financement basé sur un montant d’impôt d’État fixe. Cette mesure a pour but d’éviter les fluctuations annuelles du budget alloué à l’audiovisuel public.
Cependant, ce mécanisme doit encore être validé par l’Assemblée nationale, qui l’examinera le 19 novembre. Si la loi est rejetée, l’audiovisuel public serait alors financé directement par le budget de l’État, ce qui soulève des craintes concernant l’indépendance du secteur. Les responsables du secteur redoutent que cette « budgétisation » permette au gouvernement d’intervenir sur les montants alloués au cours de l’année, compromettant ainsi la liberté éditoriale et l’autonomie des médias publics.
Le budget 2025 de l’audiovisuel public est donc marqué par une nouvelle coupe qui vient alourdir une situation déjà tendue. Tandis que le gouvernement cherche à ajuster les finances publiques, les responsables du secteur se battent pour préserver la qualité du service public et son indépendance. Le 19 novembre pourrait bien être une date charnière, déterminant l’avenir du financement de l’audiovisuel public en France.