Budget 2024 : Charles de Courson n’exclut pas de voter la motion de censure contre le gouvernement Barnier

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Dans une interview accordée au Journal du Dimanche (JDD), Charles de Courson, rapporteur général du budget, fait part de ses inquiétudes face à la gestion du budget 2024 et n’exclut pas de soutenir une motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier. À l’heure où les discussions budgétaires sont tendues, l’absence des lettres plafonds, nécessaires pour fixer les dépenses des ministères, plonge les finances publiques dans une impasse. De Courson souligne l’urgence de trouver 30 milliards d’euros dès l’année prochaine, avec une perspective à long terme préoccupante.

Un budget jugé « insincère »

De Courson critique vivement le budget voté en 2023 pour 2024, qu’il qualifie de « tout sauf sincère ». Selon lui, les déficits avaient été largement sous-estimés dès le départ, poussant Bruno Le Maire à plaider pour une loi de finances rectificative. Cependant, cette tentative aurait été bloquée par l’Élysée, exacerbant les problèmes financiers du pays. Résultat : un déficit de 6 % pour 2024, bien au-delà des prévisions initiales.

Le rapporteur général s’inquiète également des coupes dans des secteurs clés comme la formation professionnelle et les aides aux entreprises, tandis que d’autres missions voient leur budget augmenter. « Notre pays vit au-dessus de ses moyens », avertit-il, estimant que les efforts devront se poursuivre jusqu’en 2029 pour stabiliser les finances publiques.

Bien que le gouvernement ait écarté toute augmentation généralisée des impôts, Charles de Courson soutient l’idée de hausses ciblées pour les plus riches et les grandes entreprises. Il se dit favorable à la taxation des surprofits des grandes entreprises, une mesure mise sur la table par Michel Barnier. Pour de Courson, l’effort fiscal doit se concentrer sur les plus fortunés et les géants économiques, tout en épargnant les petites et moyennes entreprises.

La menace d’une motion de censure

Interrogé sur une éventuelle motion de censure contre le budget qui sera présenté le 9 octobre, de Courson reste prudent mais ne ferme aucune porte. « Nous en discuterons au sein de notre groupe parlementaire », déclare-t-il. Si son groupe reste prêt à soutenir des mesures alignées avec ses priorités, il attend de voir si certains de ses amendements seront retenus avant de prendre une décision.

Charles de Courson se dit surpris par la lettre de douze députés de la majorité, qui lui demandent de clarifier son soutien au gouvernement ou de démissionner de son poste de rapporteur général. Face à ces critiques, il rappelle qu’il appartient à une opposition constructive, tout en soulignant la fragilité de la majorité actuelle. « Se comporter comme s’ils étaient majoritaires alors qu’ils dépendent de l’abstention ou de la bienveillance d’autres groupes n’est pas approprié », ironise-t-il.

Pour Charles de Courson, les règles budgétaires imposées par l’Union européenne, qui fixent un objectif de déficit à 3 % pour 2027, sont irréalistes. Il estime qu’atteindre cet objectif nécessiterait des efforts colossaux et prône un ajustement des ambitions pour 2029.

Un gouvernement sans majorité durable

De Courson explique également pourquoi il a refusé d’entrer au gouvernement, malgré une proposition du Premier ministre Barnier. Selon lui, les conditions politiques actuelles, avec une majorité instable, rendent toute action à long terme très difficile. « Ce gouvernement n’a pas le temps devant lui », affirme-t-il, estimant que la coalition actuelle pourrait ne pas durer plus de deux ans et demi.

Dans une Assemblée nationale qu’il juge ingouvernable, Charles de Courson, à 72 ans et fort de ses huit mandats, continue d’incarner une voix expérimentée et indépendante. Toutefois, face à un climat politique chaotique, même lui s’interroge sur la capacité du gouvernement à réformer durablement les finances publiques.

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