Bruno Retailleau avertit : « tolérance zéro » face aux blocages durables des agriculteurs
Alors que le secteur agricole français se prépare à un nouveau cycle de manifestations dès ce lundi, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a réaffirmé son fermeté face aux possibles blocages de routes et autres actions de protestation. Lors de son passage sur le plateau du Grand Jury RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat, il a souligné que tout « blocage durable » serait inacceptable et entraînerait une réponse de l’État en application d’une politique de « tolérance zéro ».
Bruno Retailleau a ainsi précisé les « trois limites » que les syndicats agricoles doivent respecter pour éviter l’intervention des forces de l’ordre. Selon lui, le droit de manifester est « un droit constitutionnel », mais il y a des bornes à ne pas franchir : « pas d’atteinte aux biens, à plus forte raison aux personnes », et surtout « pas d’enkystement, pas de blocage durable ». Si ces principes sont violés, a-t-il averti, le gouvernement n’hésitera pas à mobiliser les forces mobiles pour rétablir la circulation et garantir la liberté de mouvement sur les routes.
Cette mobilisation fait écho à celle de l’année dernière, qui avait vu des blocages de sections d’autoroutes en raison de la détresse des agriculteurs face à des conditions de travail de plus en plus difficiles. Les principales organisations syndicales du secteur, comme la FNSEA, Coordination Rurale et la Confédération paysanne, ont ainsi appelé leurs membres à se rassembler à nouveau pour exprimer leur opposition, notamment à l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Pour Bruno Retailleau, cet accord constitue une menace pour l’agriculture française, déjà fragilisée par les contraintes internes et la libéralisation de l’économie extérieure.
Emmanuel Macron, en visite en Argentine, a d’ailleurs tenté de rassurer les agriculteurs en précisant que la France ne signerait pas « en l’état » l’accord avec les pays du Mercosur, un geste visant à apaiser les tensions qui montent dans le secteur agricole. Cependant, la réaction de l’État reste ferme en matière de maintien de l’ordre public, avec Bruno Retailleau insistant sur l’importance de « dialoguer pour éviter les dérapages ».
L’ampleur du mouvement pourrait concerner plusieurs régions du pays, notamment en Île-de-France, où des restrictions de circulation sont attendues dès dimanche après-midi. Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a d’ores et déjà mentionné plus de 80 actions à travers le pays, avec des blocages possibles, mais sans atteindre, selon lui, l’ampleur d’un véritable « enkystement ». En revanche, la Coordination Rurale semble vouloir prendre des mesures plus radicales, notamment un blocage du fret alimentaire dès mercredi si leurs revendications restent sans réponse.
Enfin, alors que d’autres secteurs, comme les cheminots, s’apprêtent également à manifester dans les jours à venir, Bruno Retailleau a exprimé des réserves quant à une convergence des luttes entre agriculteurs et cheminots. Selon lui, les mouvements de grève dans le secteur ferroviaire font partie d’une « gréviculture » régulière, et il a rappelé qu’en cas de blocage, l’État doit être « ferme » pour protéger les intérêts des citoyens.
Ainsi, le gouvernement se positionne résolument contre toute forme de blocage prolongé tout en cherchant à apaiser les tensions au sein du secteur agricole, qui continue de se sentir largement négligé par les réformes économiques et commerciales en cours.