Brésil : la cour suprême ordonne la suspension de X, le réseau social d’Elon Musk

Entrevue 1

Le réseau social X, anciennement connu sous le nom de Twitter, est au cœur d’une tempête judiciaire inédite au Brésil. Un juge de la Cour suprême brésilienne, Alexandre de Moraes, a ordonné la suspension immédiate et totale du service dans tout le pays, marquant ainsi une première dans l’histoire numérique brésilienne. Cette décision découle d’un conflit prolongé entre Elon Musk, propriétaire de X, et la justice brésilienne.

Contexte du conflit

Tout a commencé en avril 2024 lorsque le juge Alexandre de Moraes a ouvert une enquête sur Elon Musk, l’accusant d’avoir réactivé des comptes liés à l’extrême droite brésilienne, dont la suspension avait été ordonnée par la justice. Ces comptes, appartenant à des partisans de l’ancien président Jair Bolsonaro, étaient soupçonnés de diffuser de la désinformation. Musk, fervent défenseur de la liberté d’expression, a rétorqué en dénonçant ce qu’il considère comme de la « censure étatique ».

Ce bras de fer s’est intensifié lorsque le juge Moraes a exigé que X nomme un représentant légal au Brésil. Après l’expiration d’un ultimatum de 24 heures sans réponse de l’entreprise, le juge a ordonné la suspension immédiate du réseau social sur tout le territoire brésilien, une décision rendue publique le 30 août 2024.

Mesures drastiques et conséquences

La suspension du réseau social inclut la fermeture complète de la filiale brésilienne de X, ainsi que l’application de mesures techniques pour bloquer l’accès à l’application et au site web via les systèmes iOS et Android. Les géants de la technologie, Apple et Google, ont également été sommés de retirer l’application de leurs boutiques en ligne.

De plus, Alexandre de Moraes a imposé une amende journalière de 50 000 reais (environ 8 000 euros) à toute personne ou entité tentant de contourner cette interdiction via des subterfuges technologiques comme les VPN. La suspension restera en vigueur jusqu’à ce que X se conforme aux exigences de la justice brésilienne, paie les amendes infligées, et nomme un représentant légal.

Réactions et implications

Elon Musk a réagi avec virulence, accusant le juge de motivations politiques et de violer la liberté d’expression. Il a notamment qualifié Alexandre de Moraes de « pseudo-juge non élu » et de « dictateur », alimentant ainsi la polémique autour de cette décision.

Le président brésilien, Lula da Silva, a également pris part au débat, conseillant aux citoyens de se tourner vers d’autres plateformes comme Bluesky, Instagram ou WhatsApp pour suivre ses communications officielles, anticipant ainsi la suspension de X.

Cette affaire intervient à un moment crucial pour le Brésil, à un peu plus d’un mois des élections municipales. La décision du juge Moraes s’inscrit dans une volonté plus large de lutter contre la désinformation, un enjeu de taille dans un pays où les réseaux sociaux jouent un rôle central dans le débat public.

Ce n’est pas la première fois que la justice brésilienne prend de telles mesures. Telegram, une autre plateforme controversée, a été bloquée à deux reprises dans le passé pour des raisons similaires. Cependant, la suspension de X, qui compte environ 22 millions d’utilisateurs au Brésil, pourrait avoir des répercussions significatives, tant pour l’entreprise que pour la liberté d’expression dans le pays.

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