Ce dimanche, Copacabana sera le théâtre d’une manifestation orchestrée par l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro, qui exhorte ses partisans à se rassembler pour défendre ce qu’il considère comme une liberté fondamentale menacée : la liberté d’expression. Cette mobilisation survient au cœur d’une confrontation tendue entre la justice brésilienne et le magnat américain Elon Musk, concernant des questions de censure et de désinformation.
La mobilisation, prévue pour débuter à 10 heures, intervient deux mois après une précédente démonstration de force qui a rassemblé quelque 185 000 personnes à São Paulo, selon les estimations des chercheurs. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux jeudi dernier, l’ancien président, âgé de 69 ans, a appelé à une action pacifique pour défendre la démocratie et la liberté, tout en insistant sur l’absence de banderoles ou d’affiches lors de la manifestation.
Bolsonaro a invoqué la défense de la liberté pour mobiliser ses partisans depuis qu’Elon Musk, propriétaire de la plateforme X depuis 2022, s’est attaqué début avril au juge puissant de la Cour suprême, Alexandre de Moraes. Ce dernier a ordonné le blocage de comptes de personnalités influentes des mouvements ultra-conservateurs brésiliens au nom de la lutte contre la désinformation.
Les tensions ont monté lorsque Musk, proche de Bolsonaro, a qualifié le juge de « dictateur » et a exigé sa destitution, tout en exprimant son intention de ne pas se soumettre à ses décisions. En réponse, le magistrat a lancé une enquête contre Musk pour « instrumentalisation criminelle de X » et a imposé des amendes pour chaque compte réactivé.
La controverse s’est élargie dans les milieux politiques et juridiques, avec d’autres membres de la Cour suprême soutenant le magistrat. Le président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva, vainqueur de Bolsonaro en octobre 2022, a déclaré sans citer Musk directement : « Si je le pouvais, je décréterais l’interdiction de mentir. »
Cette escalade survient dans un contexte où la justice brésilienne fait face à des accusations de partialité, avec les députés bolsonaristes accusant la Cour suprême de saper la démocratie et les libertés. Un comité de la Chambre des représentants américaine a même publié un rapport sur des décisions confidentielles du juge concernant X et d’autres plateformes, alimentant encore les tensions.
Ces événements s’inscrivent dans un contexte plus large de litiges entre Bolsonaro et la justice brésilienne. En 2023, le Tribunal supérieur électoral, présidé par Alexandre de Moraes, a condamné Bolsonaro à huit ans d’inéligibilité pour avoir diffusé de fausses informations sur le système électoral brésilien. Des enquêtes sont également en cours pour déterminer si l’ancien président a été l’instigateur des émeutes de janvier 2023 à Brasilia.
Malgré les enquêtes en cours et les accusations portées contre lui, Bolsonaro continue de clamer son innocence, dénonçant une persécution à son encontre. Ces manifestations à Copacabana s’inscrivent dans son effort pour mobiliser son soutien et affirmer sa position dans le paysage politique brésilien, tandis que la controverse autour de la liberté d’expression et de la désinformation continue de faire rage.