Le réseau social Bluesky, pensé comme une alternative à X (anciennement Twitter), connaît une progression fulgurante. Cette semaine, il a franchi le cap des 20 millions d’utilisateurs, triplant ainsi sa base en seulement quelques mois. Cet été, la plateforme comptait à peine 5 millions d’utilisateurs, et elle a dépassé les 15 millions la semaine dernière. Une croissance spectaculaire, alimentée par une succession de polémiques entourant X depuis son rachat par Elon Musk.
Les choix d’Elon Musk, catalyseurs d’une migration massive
Bluesky profite d’un contexte marqué par des décisions controversées d’Elon Musk, récemment nommé à la tête d’une « Commission à l’efficacité gouvernementale » par le président élu Donald Trump. Outre son soutien actif et coûteux au camp républicain lors de la dernière campagne présidentielle américaine, Musk a attiré les critiques pour avoir assoupli la modération de X, favorisant la résurgence de contenus extrémistes.
Autre point sensible : l’utilisation des contenus des utilisateurs pour entraîner des modèles d’intelligence artificielle, comme Grok. Bien que Musk ait promis de respecter la réglementation européenne en la matière, cette pratique a provoqué une vague d’indignation. En réaction, Bluesky s’est engagé à ne jamais exploiter les données de ses utilisateurs pour l’IA, une promesse qui séduit particulièrement les artistes et créateurs.
Une ascension spectaculaire pour un jeune réseau
Initialement conçu et financé par Twitter sous l’impulsion de Jack Dorsey, Bluesky s’est ouvert au public en février 2023 sur iOS et en mars sur Android. La plateforme, dirigée par Jay Graber, revendique désormais une position forte dans le paysage des réseaux sociaux. Ces dernières semaines, elle a atteint le sommet des classements des applications gratuites les plus téléchargées sur l’App Store et le Play Store aux États-Unis. En France, elle figure dans le top cinq.
La migration vers Bluesky est également marquée par l’arrivée de personnalités influentes, telles que Stephen King, ainsi que de médias de renom comme The Guardian et La Vanguardia, qui ont cessé de publier sur X, dénonçant une plateforme devenue « toxique » et propice à la désinformation.
Malgré cette dynamique, Bluesky reste un challenger dans un secteur dominé par des mastodontes comme Threads, l’application de Meta, qui revendique 300 millions d’utilisateurs. Si Bluesky a réussi à attirer une audience fidèle, il devra encore prouver sa capacité à atteindre une masse critique permettant de générer des revenus publicitaires pérennes. À ce jour, la plateforme s’est financée grâce à une levée de fonds de 8 millions de dollars en 2023, un montant modeste face aux ressources quasi illimitées de Meta.
Une alternative crédible pour l’avenir ?
Alors que les utilisateurs continuent de fuir X, la question demeure : Bluesky parviendra-t-il à maintenir son élan et à s’imposer comme une alternative durable ? Si sa croissance actuelle est encourageante, sa pérennité dépendra de sa capacité à innover et à fidéliser ses nouveaux utilisateurs face à une concurrence acharnée.