Blocage des réseaux sociaux à Maurice avant les élections, en pleine affaire d’écoutes téléphoniques
À dix jours des élections législatives prévues à Maurice le 10 novembre, le gouvernement a ordonné le blocage des réseaux sociaux, une mesure liée à un scandale d’écoutes téléphoniques qui secoue l’île. Depuis le 1er novembre, les plateformes comme Facebook, Instagram, TikTok et X sont inaccessibles, selon l’opérateur EMTEL, qui a affirmé avoir reçu des instructions de l’Autorité des technologies de l’information et de la communication (ICTA). Ce blocage devrait durer jusqu’au 11 novembre, soit le lendemain du scrutin.
Le scandale, surnommé « Missie Moustass », a éclaté mi-octobre avec la diffusion sur les réseaux sociaux d’enregistrements clandestins impliquant des politiciens, des diplomates, et des figures publiques. L’affaire a provoqué un tollé sur l’île, notamment en raison de la possible implication de hauts responsables de la police. Transparency Mauritius a réclamé une enquête indépendante pour faire la lumière sur ces allégations d’abus de pouvoir et la diffusion d’informations sensibles. Dans le cadre de l’enquête, l’ancien PDG de Mauritius Telecom, Sherry Singh, a été interpellé avec trois autres personnes, comme l’a rapporté l’AFP.
Le Premier ministre Pravind Kumar Jugnauth, dont la voix serait identifiable sur certains enregistrements, a confirmé que le blocage vise à préserver la « sécurité nationale » et « l’intégrité de la République ». Ce climat tendu a poussé le président du National Cybersecurity Committee, Didier Sam-Fat, à démissionner en signe de protestation. En parallèle, l’organisme de surveillance NetBlocks a validé le blocage généralisé des réseaux sociaux, limitant ainsi la liberté d’expression des quelque 820 000 utilisateurs actifs de Facebook sur l’île, soit plus de la moitié des 1,2 million d’habitants.
L’opposition, incarnée par Paul Berenger de l’Alliance pour le changement et Nando Bodha de Linion Reform, a dénoncé cette mesure comme « un signe de panique » et « un dernier acte désespéré d’un régime en déroute ». Les deux responsables ont vivement critiqué le gouvernement, l’accusant de porter atteinte aux droits fondamentaux et à la liberté d’expression des Mauriciens, appelant la Commission électorale à garantir un processus électoral équitable et transparent.