“Bleus, Blancs, Rouges” : Benjamin Dierstein plonge dans les ténèbres du pouvoir sous Giscard

Entrevue 1

Avec Bleus, Blancs, Rouges, premier tome d’une nouvelle trilogie, Benjamin Dierstein nous plonge dans un polar politique haletant et sombre, où l’État et le crime organisé s’entremêlent dans la France de Valéry Giscard d’Estaing. Sur près de 800 pages, l’auteur dissèque les années 1978-1979 avec un réalisme cru, où policiers, services secrets et truands naviguent dans un Paris gangréné par la corruption, la Françafrique et les guerres d’influence. Le roman s’ouvre sur la traque des groupuscules gauchistes après Mai 68, pour basculer ensuite dans la traque de “Geronimo”, un mercenaire d’extrême gauche au cœur de tous les trafics. Entre manipulations politiques et luttes clandestines, Bleus, Blancs, Rouges décrit un monde où la frontière entre justice et criminalité s’efface dangereusement.

Dierstein use d’un style percutant, nerveux, qui emprunte autant au roman noir qu’au thriller politique. Son écriture, électrique et immersive, nous entraîne dans une fresque où le lecteur croise aussi bien des figures historiques comme Jacques Mesrine, Bob Denard ou Alain Delon que des personnages de fiction aux ambitions troubles. La tension est constante, le rythme effréné, chaque chapitre alimentant une mécanique implacable. Comme dans sa précédente trilogie (La Sirène qui fume), Dierstein prouve qu’il excelle dans l’exploration des rouages du pouvoir et du crime, dans une narration qui rappelle l’univers de James Ellroy.

Avec ce premier tome addictif, Bleus, Blancs, Rouges s’impose comme un page-turner saisissant et une œuvre coup de poing sur une période charnière de la Ve République. En filigrane, le roman interroge aussi la permanence de certaines pratiques au sein des sphères politiques et sécuritaires françaises. En attendant les prochains volets de cette fresque ambitieuse, Dierstein signe un polar politique implacable, où le passé éclaire un présent plus proche qu’il n’y paraît.

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