Bizutage dans les grandes écoles: une association étudiante face à la justice

Bizutage dans les grandes écoles: une association étudiante face à la justice

L’affaire remonte à plus de dix ans, mais les séquelles sont toujours là. Ce mercredi, une association de l’école de commerce Edhec a comparu devant le tribunal correctionnel de Lille pour des faits de bizutage présumés datant de 2013. L’enjeu est lourd : un étudiant de première année, victime de ces pratiques, vit aujourd’hui avec un handicap reconnu à 35 %. Le parquet a requis une amende de 10 000 euros contre l’association, jugée en tant que personne morale. Le verdict sera rendu le 2 avril.

Les événements se sont déroulés en deux temps. D’abord, en septembre, lors d’un voyage d’intégration à Arles. Dans le bus, des nouveaux étudiants ont été contraints de garder la tête baissée, de boire de l’alcool et même d’embrasser un poisson mort. Puis, un mois plus tard, lors d’une soirée d’« intronisation » à Lille, le bizutage a pris une tournure dramatique.

Dans la nuit du 17 au 18 octobre, plusieurs étudiants de première année, désireux d’intégrer l’association Course-croisière Edhec, se sont retrouvés dans la cave d’un appartement. Là, ils ont dû ingurgiter en un temps limité un mélange de vodka, rhum, bière et pastis. L’un d’eux, ivre, est resté sur place pendant que les autres sortaient en discothèque. Sous la surveillance d’un camarade, il s’est endormi. Aux alentours de 4h30, il a été retrouvé dans la cour de l’immeuble, grièvement blessé après ce qui semble être une chute du deuxième étage. Traumatisme crânien, fractures multiples : les conséquences ont été irréversibles.

Présent à l’audience, la victime s’est avancée avec une canne. Devant le tribunal, il a évoqué les douleurs chroniques qui rythment son quotidien depuis dix ans.

L’enquête, initialement centrée sur la soirée d’octobre, s’était élargie aux événements du voyage d’intégration. Plusieurs étudiants avaient été mis en examen, mais en 2017, la cour d’appel de Douai avait prononcé un non-lieu, estimant qu’il était impossible d’imputer des responsabilités individuelles précises.

Désormais, c’est l’association elle-même qui est dans le viseur de la justice. Si le tribunal suit les réquisitions du parquet, la condamnation viendrait rappeler que ces traditions, longtemps tolérées dans certaines écoles, peuvent mener à des drames irréparables.

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