Et si c’est à Béziers que se dessinait une issue à la crise que vit la France ? Et si, sans bien sûr les renvoyer dos-à-dos, c’est dans cette ville du Sud que s’esquissait une sorte de troisième voie entre les deux groupes de la gauche radicale et de la droite tout aussi radicale ? De quoi faire sourire tous les « stratèges », « communicants » et autres spécialistes qui portent toujours un regard condescendant sur ces villes moyennes bien éloignées des capitales régionales et des centres de pouvoir. Et pourtant…
C’est une histoire de personnalité, de caractère, de tempérament.
À Béziers, depuis maintenant dix bonnes années, une équipe municipale emmenée par un « fort en gueule », le médiatique Robert Ménard, a rendu à cette vieille cité – là-bas, on vous jurera que c’est la plus ancienne de France, avant même Marseille… – sa splendeur passée et sa fierté. Élu haut la main avec près de 70 % des voix aux dernières municipales, il a trouvé en son épouse une sorte d’alter ego mais en version plus convenable, dirait-on. Emmanuelle Ménard[1] est député – elle enlève le « e » : la féminisation de tous les mots et l’écriture inclusive ne sont pas sa tasse de thé –, parmi les plus assidus de l’Assemblée et, surtout, toujours prête à aller piocher à droite comme à gauche les bonnes idées.
Voilà un couple qui refuse les étiquettes, les cases, les assignations à résidence. Et cela fait manifestement le bonheur de leurs concitoyens. Mais aussi une irritation tenace chez leurs adversaires politiques. Comment, s’exclament-ils, on pourrait donc refuser d’être inscrit dans un parti, de se ranger derrière un chef – ou une cheffe – et malgré tout, emporter l’adhésion d’une grande partie des électeurs ?
La réponse est oui. Au point que certains voient dans ce qui se passe dans ce coin d’Occitanie un laboratoire pour demain. Une sorte de « village gaulois » – mais à la pointe de la modernité : c’est ici qu’on invente les futures piles à hydrogène… – qui pourrait réconcilier les Français avec le bon sens, la modération, le goût du concret.
C’est ce qu’incarne aujourd’hui Emmanuelle Ménard, candidate, bien sûr, à un nouveau mandat. Un peu contre tous les appareils politiques. Mais avec le soutien de tous ceux qui la connaissent et en ont ras-le-bol des postures, des promesses que l’on sait ne jamais pouvoir tenir. Si la députée sortante refuse les clivages artificiels, les effets de tribune, elle se dit clairement de droite. On lui doit des interventions remarquées dans l’hémicycles sur les soins palliatifs ou la responsabilité des parents dans l’éducation de leurs enfants.
Quand on lui demande qui elle choisirait entre le Rassemblement National et le Nouveau Front Populaire, elle n’hésite pas une seconde : malgré les désaccords – notamment sur les questions sociales (le retour à la retraite à 60 ans ne se fera pas tant il est coûteux) et sur l’international (il faut aider l’Ukraine sans compter : il se joue là-bas l’avenir de l’Europe et de la liberté) – elle parierait sur les troupes de Marine Le Pen et Jordan Bardella.
Aujourd’hui, à Béziers, il existe un autre choix que l’extrême gauche démagogique, communautariste et flirtant avec l’antisémitisme, et le candidat du Rassemblement national, inconnu des bataillons et qui ne s’est jamais soucié de sa propre ville. Ce choix porte un nom, Emmanuelle Ménard. Celui d’une femme libre. Une femme de tempérament. Qu’on souscrive ou pas à toutes ses prises de position, elle incarne une autre façon de faire de la politique. Peut-être un exemple pour ailleurs. Ou pour plus haut.
[1] Elle signe une critique chaque mois dans Entrevue… sur les polars !