Bernard Cazeneuve : un projet pour la France sans ambition personnelle

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Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre de François Hollande et aujourd’hui leader du mouvement La Convention, entame une série de déplacements en région pour rencontrer les Français. Alors qu’il prépare un « projet pour le pays » à présenter début de l’été 2025, il affirme que cette démarche ne vise pas à construire un avenir politique personnel, mais à contribuer à une réflexion collective sur l’avenir de la France.

Un projet sans ambition personnelle

Dans un entretien accordé à Ouest-France, Cazeneuve réitère son désir de se distancier de l’ambition personnelle pour concentrer ses efforts sur la reconstruction d’une gauche social-démocrate, fragmentée par des ambitions individuelles et des clivages internes. « Ce qui compte, c’est ce que nous allons faire sur le fond », explique-t-il. Fidèle à sa ligne anti-LFI, il appelle à un projet commun pour le pays, détaché de toute considération personnelle. « Je ne construis pas un destin pour moi-même. Cela n’aurait pas de sens dans le contexte politique actuel », assure-t-il.

À l’approche de l’élection présidentielle de 2027, Cazeneuve se présente comme une figure modérée, prête à prendre ses responsabilités s’il devient nécessaire de contrer une montée du Rassemblement National. Toutefois, il reste prudent : « Je ne détruirai aucune autre hypothèse capable d’éviter l’accession au pouvoir du Rassemblement National », déclare-t-il, insistant sur l’importance de mettre les ambitions personnelles de côté au profit d’un projet commun.

Une tournée en régions pour dialoguer avec la France

Cazeneuve démarre ce lundi soir à Saint-Nazaire un « tour des régions » pour rencontrer les acteurs économiques, syndicaux, culturels et politiques. Ce voyage lui permettra de dialoguer sur des sujets majeurs tels que la production industrielle, la crise écologique, et l’égalité dans l’accès aux services publics. Son objectif est de bâtir des propositions concrètes pour un projet qu’il espère inclusif et rassembleur.

Après une période de retrait en 2023, motivée par le besoin de soutenir son épouse malade, décédée en juin 2024, Bernard Cazeneuve revient avec une approche politique empreinte de gravité et de détermination. Ce deuil a renforcé sa volonté de se concentrer sur « l’essentiel », refusant les stratégies tactiques souvent inhérentes à la vie politique. Son retour coïncide avec une série de rencontres et d’échanges au cours de l’été, où il a notamment été approché pour Matignon par Emmanuel Macron. Cependant, Cazeneuve a refusé de rejoindre un gouvernement Barnier, qu’il considère comme trop à droite.

Structurer une gauche sociale-démocrate pour 2027

À la tête de La Convention, un mouvement fondé en 2023 et qui compte aujourd’hui plus de 11 000 adhérents, Cazeneuve envisage une gauche sociale-démocrate structurée, capable de former une alternative crédible aux extrêmes. Il espère voir émerger une unité autour des valeurs républicaines, de l’égalité réelle, de la lutte contre le changement climatique sans décroissance, et du multilatéralisme.

Bernard Cazeneuve reste cependant lucide sur sa position et ses limites. Il n’existe pas encore de « cazeneuvistes » à proprement parler. Avec prudence, il souligne : « L’incarnation ne se décrète pas. Si elle ne va pas de soi, c’est qu’il y a un problème. » Cazeneuve entend poursuivre sa mission sans ambitions personnelles pour l’échéance de 2027, mais, si les circonstances le demandent, il ne fuira pas ses responsabilités.

En marche vers une alternative républicaine

Ainsi, Bernard Cazeneuve trace la voie d’une gauche de gouvernement qui cherche à se ressourcer en dehors des querelles partisanes. Pour lui, la gravité de la situation en France impose un dépassement des ambitions personnelles. À 61 ans, Cazeneuve pose les bases de son « projet pour le pays » avec la conviction que l’unité de la gauche républicaine est le seul rempart face aux défis politiques et sociaux auxquels la France est confrontée.

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