Bernard Cazeneuve accuse Olivier Faure d’avoir bloqué sa nomination à Matignon « avec jubilation »

Entrevue 1

Dans un entretien accordé au Monde, l’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve a sévèrement critiqué la direction du Parti socialiste, accusant Olivier Faure et Boris Vallaud d’avoir « jubiler » lorsqu’ils ont refusé de soutenir sa nomination à Matignon cet été. Selon Cazeneuve, ils auraient « plongé avec enthousiasme » dans un « piège tendu par Emmanuel Macron » en refusant de garantir qu’ils ne censureraient pas un gouvernement sous sa direction.

Pour justifier leur position, Faure et Vallaud auraient affirmé que le véritable enjeu résidait dans les politiques à mener, et non dans la personne à la tête du gouvernement. Une explication balayée par Cazeneuve, qui a rétorqué que l’expérience du gouvernement dirigé par Michel Barnier démontrait clairement que le « quoi » et le « qui » sont indissociables en politique. Il fustige ainsi la gauche pour avoir, selon lui, excommunié ses membres les plus raisonnables, ouvrant la voie à une vraie droite au pouvoir.

Cazeneuve, qui avait rencontré Emmanuel Macron dans la perspective d’une nomination à Matignon, précise qu’il n’avait pas prévu d’abroger la réforme des retraites, mais plutôt de corriger ses injustices. Il en appelle désormais au rassemblement de la gauche de gouvernement, mettant en garde contre les conséquences désastreuses de ses divisions actuelles, exacerbées par l’alliance avec La France insoumise (LFI).

Selon lui, le refus de réunir les forces socialistes traditionnelles renforce la probabilité d’une victoire du Rassemblement national en 2027. « Si le PS ne s’organise pas d’ici 2025, il sera trop tard pour redresser la barre », alerte Cazeneuve, dénonçant l’émiettement des forces de gauche et l’égocentrisme de ses dirigeants.

En dépit de ce constat alarmant, il refuse pour l’heure de se déclarer candidat à la présidentielle, estimant que cela serait « grotesque » compte tenu du contexte. Il critique également les spéculations sur un éventuel échec du gouvernement Barnier, qu’il qualifie d’irresponsables au regard des défis colossaux qui se présentent à la France. Cazeneuve appelle au courage politique face aux réalités économiques, notamment en ce qui concerne la dette, qu’il voit comme une question cruciale pour préserver la souveraineté nationale.

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