Benjamin Stock remporte le prix de Flore pour son premier roman « Marc »
Le 7 novembre 2024, le prestigieux prix de Flore a été attribué à Benjamin Stock pour Marc, son premier roman publié aux éditions Rue Fromentin. Couronné à la célèbre brasserie parisienne du Café de Flore, le jeune auteur reçoit cette distinction pour une œuvre audacieuse, pleine d’humour, qui dénonce à la fois les dérives de la « start-up nation » et les illusions du conspirationnisme.
Une satire du monde moderne et des dérives de la « start-up nation »
Marc suit David Baumer, un trentenaire parisien à la tête de la « Share Academy », une start-up au jargon saturé de termes comme « inclusivité » et « développement durable ». David, qui incarne la caricature du fondateur de start-up moderne, évolue dans un environnement où chaque réunion semble un prétexte pour prôner des valeurs de bienveillance artificielle. Ancien communicant pour des entreprises du secteur écologique, Benjamin Stock s’est inspiré de ses expériences pour donner vie à ce monde absurde, multipliant les situations satiriques.
Cependant, la rencontre de David avec une employée, Sheyene, le plonge dans une quête existentielle inédite. Sheyene l’initie à une communauté secrète de lecteurs fervents de Marc Levy, persuadés que les œuvres de l’auteur dissimulent des messages codés prônant une révolution communiste mondiale. Ce groupe érigé en secte voit dans chaque intrigue et chaque nom de personnage un message caché, et David finit par se laisser envoûter, glissant peu à peu vers une paranoïa délirante.
Une victoire unanime pour un auteur prometteur
Avec dix voix sur onze, Benjamin Stock a conquis le jury du prix de Flore, composé notamment de Frédéric Beigbeder, fondateur du prix, et de figures littéraires comme François Reynaert et Philippe Vandel. Ce prix, qui récompense chaque année depuis 1994 un « jeune auteur au talent prometteur », offre au lauréat 6 150 euros ainsi qu’un verre de Pouilly-fumé gravé à son nom, à consommer chaque jour pendant un an dans la célèbre brasserie.
Le jury a salué l’originalité du roman, qui s’inscrit à contre-courant des œuvres contemporaines se limitant souvent à des portraits cyniques de notre époque. Comme le souligne France Info, Marc parvient à embarquer le lecteur dans une intrigue rocambolesque qui dénonce les excès du capitalisme moderne et le penchant de notre époque pour les théories complotistes.
Une critique des dérives conspirationnistes
Benjamin Stock, âgé de 36 ans, décrit son roman comme une satire des théories du complot, s’inspirant notamment de l’engouement pour le mouvement américain QAnon. Dans un style caustique, il illustre les dérives de la pensée conspirationniste, où les adeptes se persuadent de vérités cachées et de messages cryptés. Avec Marc, il offre une réflexion sur le relativisme et les conséquences de l’obsession contemporaine pour des vérités alternatives.
Une récompense qui s’inscrit dans la tradition du prix de Flore
Fondé par Frédéric Beigbeder et Carole Chrétiennot, le prix de Flore a pour vocation de récompenser des jeunes auteurs au style audacieux et novateur. Depuis 1994, ce prix met à l’honneur des écrivains qui, comme Benjamin Stock cette année, n’hésitent pas à bousculer les conventions littéraires et à aborder des sujets de société avec un regard acéré. L’an dernier, Maria Pourchet avait été récompensée pour son roman Western.
Avec Marc, Benjamin Stock fait une entrée remarquée sur la scène littéraire française, promettant de prolonger cette réflexion à la fois drôle et dérangeante sur notre époque. La remise du prix de Flore marque ainsi le début d’une carrière littéraire qui semble déjà susciter de grandes attentes.