Après les législatives qui ont conduit à une Assemblée nationale fracturée, François Bayrou, président du MoDem, a exposé ses idées pour sortir de l’impasse politique actuelle. Dans un entretien accordé au Journal du dimanche (JDD), Bayrou a rappelé que la responsabilité de composer la coalition nécessaire pour former un gouvernement revient au Président de la République et non aux partis politiques. Il n’a pas exclu de participer à un nouveau gouvernement.
Bayrou a critiqué la stratégie récente du président Emmanuel Macron, qui a demandé aux partis de former une coalition, comme il l’a exprimé dans une lettre aux Français. Selon Bayrou, cette approche est vouée à l’échec. «Si vous attendez que les partis politiques s’entendent, vous allez attendre longtemps !» a-t-il averti. Il a également qualifié de «fake news» la revendication de victoire du Nouveau front populaire aux législatives, rappelant que ce groupe n’a pas la majorité.
Bayrou a souligné la division profonde au sein du pays, non seulement entre les différents courants politiques, mais aussi au sein de ces courants eux-mêmes, ce qui mène à des implosions quotidiennes devant les yeux des Français désespérés. Il prévoit une «clarification» cruciale jeudi, avec l’élection du président de l’Assemblée nationale, qui permettra de comprendre «comment se répartissent les forces». «Ma conviction est que le Front de Gauche n’est pas majoritaire et on le constatera à l’occasion de ce moment de vérité», a-t-il affirmé.
Pour le président du MoDem, la seule solution réside dans l’autorité du président de la République, qui «s’impose au-delà des partis». Bayrou appelle à un retour à la Constitution, stipulant que le président doit «nommer un Premier ministre et un gouvernement qui tiennent compte de la composition de l’Assemblée nationale, des nuances de l’Assemblée nationale». Selon lui, il n’existe qu’une seule majorité solide possible : une majorité large, composée de républicains, de gauche, du centre et de droite, qui soit capable d’agir et de se faire respecter.
Bayrou estime qu’un gouvernement devrait être nommé le plus rapidement possible. Interrogé sur sa possible participation à ce gouvernement, il a répondu qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour sortir de l’impasse «ridicule et affligeante» dans laquelle se trouve le pays.
Enfin, François Bayrou a réitéré sa proposition d’instaurer un scrutin proportionnel pour les législatives. Un mode d’élection plus «juste» qui permet «des rassemblements et des ententes», contrairement au scrutin majoritaire actuel qui «oblige des gens qui ne sont d’accord sur rien à faire semblant de s’entendre, jusqu’à l’impuissance», ce qui «nous a conduits dans le désordre qu’on constate aujourd’hui.»