Baignade dans la Seine : la guerre des eaux est déclarée entre la mairie et les bateliers

Baignade dans la Seine : la guerre des eaux est déclarée entre la mairie et les bateliers

La promesse olympique d’Anne Hidalgo de transformer la Seine en gigantesque piscine urbaine fait des vagues. Loin de l’image idyllique de Parisiens se rafraîchissant dans les eaux de la capitale cet été, c’est un véritable bras de fer qui s’engage entre la mairie et les professionnels du transport fluvial. Ces derniers voient dans ce projet estival non pas un héritage glorieux des JO, mais une menace directe pour leur survie économique.

Un trafic fluvial au bord de l’asphyxie

L’aménagement des trois zones de baignade en plein cœur de Paris – quai de Bercy, Bras de Grenelle et surtout Bras Marie – suscite une levée de boucliers sans précédent. Et pour cause : ces espaces mordent directement sur les voies navigables vitales pour toute l’économie fluviale parisienne. Le cas du Bras Marie cristallise particulièrement les tensions. Sa fermeture pour accueillir les baigneurs contraindrait les bateaux de croisière à emprunter uniquement le bras principal de la Seine, déjà saturé par les navires de marchandises soumis à un système de circulation alternée.

 Dialogue de sourds et sentiment de trahison

Derrière les discussions techniques se cache un dialogue de sourds entre la municipalité et les professionnels. Olivier Jamey, président de la Communauté portuaire de Paris, ne mâche pas ses mots quand il évoque « des pertes financières colossales » pour un secteur qui fait voyager 9 millions de passagers annuellement, avec un pic d’activité précisément durant la période estivale visée par le projet municipal. La mairie, qui affirme mener des « discussions » pour « déterminer les horaires d’ouverture », semble faire la sourde oreille aux revendications des bateliers. Ces derniers demandaient une fermeture des zones de baignade à midi, mais se sont vu proposer une plage horaire s’étendant jusqu’à 18 heures. « On s’est sentis trahis », lâche, amer, Didier Leandri, président d’Entreprises fluviales de France, qui représente 300 entreprises du secteur. L’héritage olympique tant vanté pourrait ainsi se transformer en cadeau empoisonné pour toute une filière économique. Entre les nageurs et les bateliers, la mairie de Paris devra trancher, au risque de voir l’un des deux couler.

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Journaliste, chroniqueur et producteur, Radouan Kourak est un passionné d’histoire et de politique. Il se distingue par son goût pour l’analyse, le débat, le pluralisme et la confrontation d’idées. Repéré par Cyril Hanouna, il est un habitué des plateaux de C8 et CNews, où il intervient avec conviction et réflexion. Il apporte dans les médias, une perspective unique nourrie par sa passion pour la France et son souci de rigueur.

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