Avec « Les Sous-traitants », Stéphane Lanos signe un thriller politique glaçant sur une France ultra-libérale

Avec « Les Sous-traitants », Stéphane Lanos signe un thriller politique glaçant sur une France ultra-libérale

Et si l’État n’était plus qu’un décor ? Dans Les Sous-traitants (éditions de La Lanterne), Stéphane Lanos imagine une France de 2037 dans laquelle le pouvoir a glissé des mains des gouvernants pour tomber dans celles de multinationales tout-puissantes. Dans ce pays dystopique, la démocratie a été remplacée par la Nouvelle République, régime privé et cynique où la société est divisée entre enclaves de privilégiés hyperconnectés et périphéries reléguées. C’est sur cette toile de fond angoissante qu’il déploie un roman noir haletant, à mi-chemin entre enquête journalistique et fresque politique.

Le récit démarre à Lyon, théâtre d’une tuerie inexpliquée. Alexandre, jeune reporter de DNews en perte de vitesse, y est envoyé avec une collègue pour couvrir l’événement. Issu d’une élite déconnectée, porté sur les apparences, il découvre peu à peu un monde qu’il ne connaît pas ou qu’il a choisi d’ignorer. À mesure que l’enquête avance, ses certitudes se fissurent. Son chemin croise celui de figures troubles, entre dirigeants de firmes, lobbyistes et stratèges de l’ombre, dans un jeu de pouvoir où les médias, comme les individus, sont instrumentalisés.

Le roman, écrit dans un style vif et tendu, alterne les points de vue avec clarté et fluidité, permettant d’explorer les différentes strates d’un système verrouillé. Lanos décrit un monde où l’hyperconnexion (lentilles intelligentes, prothèses, exosquelettes) n’empêche ni la solitude, ni l’aliénation. Il interroge les dérives du progrès scientifique et les effets délétères de la performance individuelle à tout prix, dans une société où la famille devient un fardeau, et les émotions, un luxe inutile.

Plus qu’un simple polar d’anticipation, Les Sous-traitants s’impose comme une réflexion percutante sur les menaces qui pèsent sur la démocratie, la vérité et le libre arbitre. Lanos y développe un monde terriblement plausible, où les élites n’ont plus besoin de cacher leur cynisme, et où la justice n’est qu’une vitrine creuse. Un roman dense, lucide et captivant, qui invite le lecteur à ne pas détourner les yeux.

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