Avant la COP 29, le Parlement européen avertit sévèrement l’Azerbaïdjan, pays où la « répression s’est sensiblement intensifiée »
C’est une condamnation historique. À un mois de la COP 29 à Bakou (Azerbaïdjan), le Parlement européen vient de dénoncer officiellement ce jeudi « les violations des droits de l’homme actuellement perpétrées » par le régime Aliyev.
Dans une résolution défendue fermement par les eurodéputés français François-Xavier Bellamy (PPE), Nathalie Loiseau (Renew) et Raphaël Glucksmann (S&D), le Parlement juge les exactions perpétrées par Bakou comme « incompatibles avec son statut de pays hôte » de la 29e conférence annuelle de l’ONU sur le climat.
Déjà, au moment où a été attribuée l’organisation de ce sommet à l’Azerbaïdjan, des voix s’étaient élevées contre ce choix à contre-sens de l’Histoire. Classée parmi les pires pays du monde, loin derrière la Russie, en termes de droits de l’Homme, droits de la presse ou droits des femmes, l’Azerbaïdjan interroge par sa capacité à séduire les dirigeants de nombreux pays. Quels sont ses leviers ? La fameuse « diplomatie du caviar » ?
La responsabilité de Bakou dans l’épuration ethnique de 100 à 130 000 arméniens vivants dans la République autonome d’Artsakh n’est plus à prouver. En 2022 et 2023, sous le commandement du président Aliyev, le régime avait réalisé un blocus autoritaire de cette région du Haut Karabagh, affamant femmes, enfants et personnes âgées innocents pour les forcer à quitter leurs terres ancestrales.
Si les eurodéputés souhaitent ainsi rappeler à l’Azerbaïdjan « ses obligations internationales (…) en matière de droits de l’Homme« , afin de permettre « le retour en toute sécurité de la population arménienne au Haut-Karabakh », il est illusoire de penser que M. Aliyev en tiendra compte. Il est illusoire de penser que ces familles retrouveront leurs maisons. Certaines ont d’ailleurs déjà été rasées. Le dictateur se sent en position de force face à l’UE.
De même, le Parlement européen demande « la libération sans condition de toutes les personnes détenues ou emprisonnées de manière arbitraire en raison de leurs opinions politiques« . Une demande vaine. L’UE devrait utiliser la force pour les libérer. Et ça n’arrivera pas. Pour autant, les ONG le disent ouvertement : plusieurs centaines d’opposants politiques, lanceurs d’alerte ou journalistes sont détenus dans les prisons de Bakou.
Le Parlement met également en lumière les techniques d’intimidation et représailles meurtrières perpétrées par le régime azéri à l’encontre de ses propres ressortissants, que ce soit en Azerbaïdjan mais aussi en Europe. En France, le décès d’un ex-opposant azéri à Mulhouse a encore fait la Une récemment.
Les eurodéputés ont aussi pris pour exemple le jugement récent de Théo Clerc, un Français condamné à trois ans de prison ferme pour des tafs dans le métro. Ce Français paye gravement les relations tendues entre France et Azerbaïdjan.
Pour autant, la 29e COP se tiendra bien à Bakou en novembre. Ce qui doit réjouir la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, qui avait osé dire publiquement que « l’Azerbaïdjan (est) un partenaire de confiance de l’UE« .
Depuis 2022, l’UE est liée à ce pays par un important contrat de livraison de gaz. Et ce, alors que l’Azerbaïdjan s’approvisionne en gaz en Russie. Une hypocrisie totale. Comment faire confiance à une telle dictature sanguinaire ?